A Celle que mon coeur adore

 

A Celle que mon coeur adore,

Je fuis des nuits entières passant de lèvres en bras,

De bras en lits et de lits en trottoirs.

Je fuis des jours entiers passant de trottoirs en bars,

De bars en bras et de bras en lits.

Je fuis les miroirs, les reflets,

Tout ce qui peut me rappeler qu’au fond je suis toi.

Tout ce qui peut me rappeler ta pureté, ta beauté, ta douceur,

Ta blancheur immaculée.

Je te hais tellement et pourtant je t’aime.

Je te fuis telle la peste et pourtant tu me restes.

A Celle que mon Coeur adore,

Je passe des jours entiers à calfeutrer les trous d’Amour et de bonté que tu perces moi.

Je passe des jours entiers à ignorer tes appels, tes pleurs,

Je passe des nuits entières dans les bras d’inconnus à faire semblant de vivre et d’exister.

Si seulement l’effet de ces boissons pouvaient être éternel,

Si seulement l’effet de ces poisons pouvaient être immédiat.

Je t’aime pourtant mais je te hais tellement.

Toi et tes sourires, tes douces paroles et tout ton douloureux Amour,

Si douloureux Amour…

Ne sens-tu pas mes coups, mes hurlements, mes griffes !

Ne sens-tu pas combien je me blesse pour te faire du mal ?

Pourtant tout mon coeur est meurtri.

Que faudra-t-il faire pour t’atteindre enfin ?

A Celle que mon coeur adore,

Ne me souris pas comme ça,

Ne me parle pas comme ça,

Avec toute ta douceur,

Dans ta blancheur trop belle, trop immaculée.

Ne vois-tu pas que je suis sale,

Que je suis souillée ?

Pourquoi m’aimes-tu, je me le demande.

Tu as beau être moi,

Je ne suis pas toi.

Je ne me sens pas toi.

Je ne me sens pas belle, pas pure, pas douce et pas parfaite.

Tu ne l’es pas non plus dis-tu ?

Tu es juste moi, tu souris parce que tu es juste moi.

Tu es belle parce que tu es juste moi,

Dans le miroir, dans chaque reflet,

Tu es juste moi.

Tu es l’Amour et tu es moi.  

A Celle que mon coeur adore,

Pourquoi est-ce que je t’aime autant,

Quand je m’aime si peu ?

Pourquoi dans mon miroir,

Je vois une si belle personne,

Quand je suis une femme si laide, si affreuse ?

Je fuis le dégoût que je m’inspire,

Le jour, la nuit,

Mais toi tu restes si belle, si pure,

Si sensible et sereine.

Quand nous sommes-nous détachées ?

Jamais me dis-tu,

Il me semblait pourtant…

Si loin, si tard,

J’ai tant marché, erré,

Je me suis tant dispersée.

A Celle que mon coeur adore,

Je me sens perdue, dans tous ces bras, tous ces lits,

Je me suis perdue, égarée…

Je me sens souillée, mais depuis longtemps,

Si longtemps, déjà avant,

Cette vie d’aventurière m’a permis de me sentir en phase.

Cette vie aventureuse m’a permis de me sentir Etre,

Dans les bras, sur les lèvres,

Dans tous ces verres,

Je me suis vue et je me suis perdue.

Je me suis noyée dans mon ivresse,

Mais tu m’as survécue.

Tu m’as retenue tandis que je sombrais,

De part tout ton Amour.

Tu es Celle que j’adore,

Pourtant Celle que je fuis.

Tu dis que tu es moi,

Que nous ne faisons qu’une,

J’ai bien envie de te croire.

En aurai-je le courage ?

A Celle que mon coeur adore,

Mais que je préfère fuir,

Je ne me sens pas la Force,

La Volonté d’être Toi.

Tu es trop belle, trop pure,

Trop exempte de douleurs et de souffrance,

Or ces deux-là me sont si chères également.

Elles me sont si proches si familières,

Je ne saurais vivre sans elles.

Elles sont mes compagnent quand je bois,

Quand je passe de lèvres en bras,

Puis de lits en trottoirs.

Elles sont mes compagnes de si longues dates,

Je ne pourrais vivre sans elles.

A Celle que mon coeur adore,

Je te demande pardon.

Je te demande de me garder tout ce bel Amour que tu as pour moi.

Dans une autre vie je l’espère,

Je serai ta douce et fidèle compagne.

En attendant que le soir tombe,

Et qu’un autre jour se lève,

Veille-moi de loin,

Mais permets-moi aussi,

De te fuir toutes les nuits qui me restent,

Et de te maudire chaque jour,

Toi et ton trop bel Amour.