Le jugement

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Le jugement 100508014809803575986513 

Bonjour à tous,

Mes guides me disent qu’ils veulent revenir sur la nuit que j’ai passé au centre pour sans-abris après mon expulsion. Personnellement je ne vois pas bien l’intérêt je dois dire.

 » Comment était-ce ? », me demande Raphael.

Bruyant et plein de cafards.

 » C’est tout ? »

Il faisait frais la nuit. Nous avions de vieux matelas, propres mais vieux. Et puis les draps, n’étaient pas très épais et il n’y avait pas de couverture.

 » Pourquoi tu n’as pas demandé à ton cousin de t’héberger dès cette nuit-là ? »

Parce que j’étais tellement choquée que je n’y ai pas pensé. J’ai été très choquée, sonnée même. Tout s’est passé tellement vite. Je revois le regard du concierge, plein de reproches, au moment où la police est arrivée avec le serrurier.

 » Est-ce que tu regrettes de ne pas être sortie avec ton voisin finalement ? Il t’aurait permis de trouver n’importe quel travail, il avait beaucoup de relations. Ou alors, tu aurais pu aller avec un autre homme, tu as eu d’autres propositions allant dans ce sens. »

Raphael, je ne regrette rien du tout. Même pas d’avoir été expulsée devant tout l’immeuble. Parce que ce n’était pas discret c’est clair. Mais de ne pas être sortie avec le voisin…

S’il m’avait plu, je l’aurais fait.

 » Tu pourrais sortir avec un homme qui t’aiderait à obtenir ce que tu veux. »

Pourquoi tu me dis ça ?

 » Tu es jolie. Ne serait-ce pas une option ? »

Non.

 » Tu préfères rester chez tes parents en attendant de pouvoir t’émanciper financièrement ? »

Oui.

 » Quand tu t’es retrouvée dans ce centre pour sans abris, qu’as-tu pensé ? »

Que je m’étais plantée quelque part.

 » Comment ce sentiment-là a-t-il disparu ? »

Assez vite en fait. En prenant du recul je dirais, en voyant m’apparaître ma route aussi. Et puis quand je suis arrivée chez mes parents, il a vite fallu que je travaille. Et je sais que la Source m’a aidé.

Je le sais parce que je l’ai sentie et entendu me disant que je recevrais ce dont j’avais besoin à ce moment-là et c’était un travail.

D’ailleurs j’ai trouvé en moins d’un mois.

 » Qu’as-tu pensé des gens dans le centre ? »

Ben d’une part, j’y étais aussi et d’autre part, la majorité était parfaitement lucide.

Il y a cette dame qui nous a conseillé de ne pas rester tard dehors. Tout le monde nous a dit ça. En fait, on nous avait dit qu’on nous trouverait une place dans un centre pour jeunes femmes, plutôt que cet espace mixte.

D’ailleurs, on ne nous a pas laissé dormir avec tout le monde, on nous a donné une chambre à part. Dans un couloir fermé au public et inaccessible de nuit. Si bien que la nuit s’est bien passée en fait. Il y avait beaucoup de bruit dehors parce les autres se battaient, criaient et cassaient des tas de bouteilles sur le sol. Mais on a eu aucun problème.

Les gens qui nous ont parlé ou à qui nous avons parlé, on tous été sympa. Et puis ensuite on nous a proposer de nous conduire à l’aéroport quand nos parents nous ont envoyé des billets.

On était chez notre cousin à ce moment-là. On a pris le taxi pour retourner au centre lol. Mais finalement il s’est avéré que c’était une bonne chose vu comme le chauffeur du samu social s’est occupé de nous à l’aéroport.

Je me souviens d’une chose cela dit. Il y avait ce jeune homme au centre de sans abris qui nous regardait charger nos paquets dans la voiture du samu social. Il avait un drôle de regard.

 » Tu ne l’as pas compris ? »

Non.

 » Il vous enviait. Ta soeur et toi partiez retrouver une vie normale. Il était à peine plus jeune que toi, mais n’avait pas de parents aimants qui se souciaient de son sort. C’était un habitué du centre. L’espoir est la première chose que les gens perdent en arrivant là.

Tu sais pourquoi, les assistants sociaux ont des moyens limités. Ceux qui touchent le fond ne remontent pas aisément. D’où toutes les bouteilles que tu as entendu, d’où les bagarres, d’où la drogue.

Tu l’as vu toi-même, beaucoup sont lucides, savent où ils sont et où ils en sont. Et peu ont de l’espoir.

Que gardes-tu de cette expérience ? Est-ce la plus grande honte de ta vie ? Est-ce un épisode toujours douloureux ? Je voudrais ton sentiment. »

Alors, je peux en parler. Je l’ai déjà fait. Je n’ai pas honte. Je pourrais retourner à Marseille demain, même dans mon ancien quartier.

Ce n’est pas un épisode heureux de ma vie c’est sûr, mais je n’en garde pas une plaie ouverte sur mon coeur. Par contre je me souviens que si je vous avais écouté je n’aurais pas été expulsée.

J’ai eu plus de peur que de foi. Pour rien lol. C’est de ça dont je souhaite me souvenir. La honte est comme une chaîne qui nous empêche d’être bien. Comme les secrets, ils enchaînent aussi.

Je vois pourquoi vous dîtes qu’il vaut mieux vivre au grand jour. Il faut s’accepter soi-même, avec son parcours. Je n’ai pas de honte.

Mais je t’avoue que parfois, devant les réactions, j’ai du mal à m’assumer.

 » D’accord, veux-tu que nous en parlions ? »

Oui.

 » Pourquoi recules-tu devant ceux qui pensent que tu as tort, que tu es en tort ou que certains épisodes de ta vie méritent que tu passes dessus, que tu les oublies ? »

Parce que je suis déçue de ne pas obtenir leur approbation.

 » Oui. Parce que vous aimez avoir le sentiment que vous êtes accepté. Mais, tu dois toujours être fière de la femme que tu es et pour cela il te faut accepter tout ton parcours. Tu sais faire face ou tenir tête. Apprends qu’il n’est pas toujours nécessaire de se battre.

Cesse de te justifier. Dis-toi bien une chose, tu ne dois rien à personne. Pourquoi as-tu tenté de mettre fin à tes jours quand tu étais adolescente ?

Parce que tu n’allais pas bien à ce moment-là. C’est tout.

Pourquoi as-tu été expulsée ? Parce que soit tu allais au bout de toi-même, soit tu te perdais à jamais. Ceux qui ne comprennent pas cela aujourd’hui ne comprendront que lorsque la vie les aura placés dans une situation similaire. C’est tout.

Voilà pourquoi tu n’as pas honte, voilà pourquoi tu n’as pas à te justifier.

Pourquoi es-tu célibataire Sylvie ? »

Parce que je ne suis amoureuse de personne.

 » Voilà. Ceux qui ne comprennent pas cela, qui te harcèlent de questions et qui te donnent envie de reculer devrait plutôt t’inspirer de la compassion. Comme tu devrais leur inspirer de la compassion.

Mais seuls ceux qui sont ou ont été sincèrement amoureux sont en mesure de comprendre un tel point de vue. Et ceux-là ne posent jamais de question. »

C’est vrai en plus ! Quand je discute avec ceux qui me disent mais comment fais-tu, j’entends qu’eux-mêmes aimeraient bien tomber amoureux mais qu’en attendant ils passent le temps !

Mais pourquoi de la compassion ?

 » Par reconnaissance pour l’âme de l’autre. »

Là c’est moi qui ne comprends pas.

 » Ce sont vos parcours propres qui vous ont conduit là où vous êtes tous. »

Je vois, et c’est cette compassion-là qui amène à éprouver du respect pour autrui.

 » Oui. Le même respect que tu as éprouvé pour les  sans-abris du centre, quand tu étais l’une des leurs. »

Certes, comme il avait été facile pour moi de sympathiser avec mes compagnes de chambre à l’hôpital après ma tentative de suicide. Ou bien encore d’entendre les confessions d’autres amies sur le sujet quelques temps après. Sans pour autant que je me montre choquée ou moralisatrice. On ne s’encourageait pas non plus, au contraire même. On se comprenait et on se soutenait.

Mais ceux et celles qui n’avaient pas vécu cela, se montraient bien plus sévères.

 » Parce qu’ils vous jugeaient. Au sujet de ton expulsion, tu n’as pas dit, je me suis retrouvée au milieu d’ivrognes, de drogués. J’avais hâte de retrouver mon milieu. Relis-toi.

Tu as dit que tu avais été choquée, sonnée et que tu avais pris la peine de discuter avec les autres habitués du centre. Certains vous ont tendu la main. Ils vous ont rassuré. »

C’est vrai. De toutes façons, je me serais méprisée moi-même en les méprisant non ? J’étais là aussi après tout. Ce genre d’épisodes vous amènent à avoir une autre point de vue sur les accidents de l’existence, quelle vilaine expression lol !

Personne ne m’a mis des cachets dans la main, de la même manière que j’aurais pu appeler mes parents bien plus tôt. Je ne crois pas à la fatalité. Je viens de perdre mon boulot. Je reste persuadée que nous sommes les seuls artisans de notre vie.

Dans le recouvrement pourtant, j’ai vu des gens venir m’expliquer qu’ils s’étaient retrouvés dans une situation difficile après un licenciement économique. C’est arrivé à ma mère aussi, elle ne s’y attendait pas.

Je ne dis pas que les problèmes sont de notre faute. Mais si je me fie à ce que moi j’ai vécu, je reste sur l’idée que nous sommes les artisans et que c’est lorsque nous déléguons cette prérogative à la bonne fortune, que les problèmes surviennent.

 » C’est vrai. Ca rejoint ce que te disait Sammael, il faut accepter l’idée que construire en dur prend du temps, requiert du courage et beaucoup d’énergie.

Lorsque tout s’enchaîne miraculeusement bien dans vos vies, c’est que vous êtes sur la bonne voie. Pour autant, il n’existe pas une personne sur Terre qui puisse affirmer que dans sa vie, tout s’est toujours déroulé exactement comme elle le souhaitait.

Car tout le monde connaît le sens du mot déception. Après, certains font le choix plus ou moins judicieux selon les circonstances d’accepter ce qui est. De ne garder que le meilleur comme vous dîtes.

Pourtant, beaucoup ont surtout eu l’occasion de ravaler beaucoup, beaucoup de fierté. Ce n’est pas pareil.

Quand ta vie ne ressemble qu’à une succession de concessions, tu n’as pas eu ce que tu voulais. Tu as fait contre mauvaise fortune, trop bon coeur.

En fait je vais te le dire clairement, il est impossible de suivre la voie de son âme sans recevoir une pluie de bleus à un moment ou un autre. Absolument impossible. Ne serait-ce que parce l’ego craint l’âme plus que tout. Et les egos des autres plus encore que le tien propre.

D’où le jugement. »

Merci Raphael.

Bise à tous Clin doeil      

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5 Commentaires

  1. lapriereducompositeur

    14 septembre, 2012 à 19:52

    <3
    Tu as fait une tentative de suicide…? Toi?

    <3<3<3

    snif.. je ne savais pas.

    Et tu as raison, il y a des gens qui jugent, qui sont en colère… et ces gens ne sont généralement pas ceux qui ont vécu le désespoir intense qui mène jusque là, même pas celui d'avant d'ailleurs.

  2. crystallia

    11 mai, 2010 à 0:10

    Salut Alex,

    Je pense que oui. Ou en tout cas, cela y contribue grandement.

    Bise ;)

  3. Alexandra

    10 mai, 2010 à 23:13

    Il y a une période de ma vie que j’ai encore du mal à accepter, c’est celle où je me suis droguée. Aujourd’hui je me dis que j’aurais aimé ne pas être passée par là mais à la fois, je ne vois pas comment ça aurait pu ne pas se passer, étant donné les personnes et les circonstances qui ont été mises sur ma route. Alors je me demande si à un certain niveau, cela a pu être utile à mon chemin. Je me demande même de temps en temps si c’est possible que ça aie été le choix de mon âme que je passe par là. La phrase de tes guides « Parce que soit tu allais au bout de toi-même, soit tu te perdais à jamais » m’interroge. Est-ce une façon de dire que d’aller au bout d’expériences difficiles voire choquantes peut stimuler par la suite un désir d’autant plus ardent de se rapprocher de son âme? Vu qu’on a vu le bout des affres de la vie menée par l’ego?

  4. crystallia

    10 mai, 2010 à 19:16

    Je suis contente pour toi. Et je suis d’accord avec cette citation.

    Bon courage pour la suite.

    Bise Sylvie ;)

  5. syllea

    10 mai, 2010 à 19:04

    Coucou

    J’ai entendu une personne dire que l’important, ce n’est pas l’échec mais, la façon dont on se relève et de rebondir

    Je suis en train de rebondir et, je gravis les marches peu à peu

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