Brûler mes ailes ou en arracher les plumes une à une,
Je ne sais ce qui me ferait le plus grand bien.
Les mots défilent, se suivent, prennent sens,
Je maîtrise en apparence,
Mais une fois posés sur le papier, ils ne sont plus miens,
Ils appartiennent à ceux qui les lisent, ceux qu’ils touchent,
Que puis-je faire contre ça ?
Souffrance de l’être et du poète qui ignore la puissance d’une phrase,
La portée d’un mot.
Quand je me regarde dans un miroir, je vois la faible et insignifiante personne que je suis,
Quand ils me lisent, ils devinent la merveille,
Comment puis-je vivre avec ce décalage ?
Je ne vois pas ce qu’ils voient, je ne sens pas ce qu’ils sentent,
Je ne vois que moi et je ne comprends pas.
Ciel bleu, temps de pluie, je me perds dans les nuages à l’heure où je voudrais saisir,
Ange de la nuit qui me protège, je sais que tu veilles mes jours et survoles mes nuits,
Si tu pouvais me parler, m’expliquer,
Si tu pouvais me montrer ce qu’en moi d’autres voient.
Je voudrais pouvoir m’aimer, vivre et ressentir,
Comme si j’étais eux face à moi,
Hors du rejet, hors du temps,
Dans l’acceptation totale et donc,
Hors de l’illusion.
Semble que je traverse l’existence comme je traverse les flammes,
Le coeur hagard et les chairs intactes,
Pourquoi ?
Je ne puis être moi et je ne me l’explique pas.
« Sais-tu seulement qui tu es ? », me demande l’Ange de la nuit.
Une évidence se fait, je reprends mes textes, mes mots,
Retrouve mon fil et rassemble les lambeaux de moi.
Qui je suis, effectivement je ne le sais pas,
Est-ce grave ?
Je voudrais que cela le soit, je voudrais que la douleur me transperce,
Il n’en est rien, désespérément rien.
Et plus rien ne me vient, je ne sais plus écrire,
Où diable vais-je !
Je pleure je ne sais plus vivre,
Si je ne puis écrire je ne peux plus vivre,
L’Ange de la nuit me sourit, je sais qui je suis,
Je reprends ma plume, ma Lumière,
Je déploie mes ailes parfaites,
Je laisse ma divinité s’exprimer,
Je laisse la vie m’écrire, me révéler,
Confiance et joie du poète retrouvé.