Tant de monde de cris et de pleurs,
Trop de rires, de soupirs, de pas et de saveurs,
Je ne sais plus qui tu es, qui je suis,
Vers qui me tourner, où regarder.
Le sourire de la béatitude qui ne demande rien mais accorde tout fuit mon visage pour s’accrocher au tien, aux siens, aux vôtres,
Quand je ne sens que l’agressivité de toute cette vie à proximité.
Qu’il me tarde de m’enfuir, de vous fuir, de vous perdre tous,
Afin que je puisse me retrouver.
Dans cette foule je ne me vois plus, je ne me sens plus,
Je m’étiole et me fonds là où je ne souhaite pas rester.
Comment se fait-il qu’il soit devenu si difficile de rester soi-même pour pouvoir jouir,
Se réjouir, faire la fête et profiter ?
Je me souviens encore de l’heure à laquelle je pouvais vivre et m’identifier à chacun de vous sans en être affectée.
Vous étiez présents mais si loin, il y avait moi et puis les autres.
Aujourd’hui je vous vois là, en moi, je suis heureuse et pourtant j’ai peur,
Je ne me sens plus, ne me vois plus, vous êtes trop puissants trop nombreux,
J’aimerais pouvoir me détacher, m’effacer ici pour réapparaître ailleurs,
Je peux seulement lutter, me débattre mais je commence à m’épuiser.
Si seulement je parvenais à comprendre comment j’en suis arrivée là,
Cette union non désirée ne serait plus qu’un souvenir,
Je pourrais m’ouvrir, m’épanouir…
J’entends des rires, je parle et j’entends des rires !
Qui donc m’espionne, viole mon intimité ?
Hélas je le sais, je n’en ai plus, il y a trop d’autres à mes côtés.
Que ne puis-je m’enfuir, me libérer,
Que ne puis-je aller me retrouver,
J’en rêve le jour, la nuit, je n’en peux plus d’espérer,
Mais rien ne se passe, jamais.
Je regarde autour de moi soudain,
Je vois tous ces visages, tous ces sourires,
Puis je devine leur cœur, je vois leur beauté,
Non je vois mon cœur et ma beauté,
Je vois ceux que j’appelle les autres,
Et tout doucement, je comprends qui je suis.