Bonjour à tous,
J’ai écrit il y a peu un poème sur l’inceste que j’ai posté sur un forum de partage poétique. Il a suscité des réactions très rapidement…
Je m’y attendais un peu, vu le thème. J’espère juste qu’il ne sera pas mis en quarantaine mais a priori on peut écrire ce qu’on veut.
Toutefois si j’en parle c’est parce que Lauviah me dit qu’il voudrait revenir dessus avec moi.
» Je veux que nous voyons ensemble quelles émotions se cachent derrière un tel poème. Il était assez dur. Parle-moi un peu de cette histoire avec tes anciens voisins. »
Quand on a emménagé à Marseille, on a sympathisé avec les voisins du dessus. Mais un jour on a appris que le mari avait dans son adolescence perpétré des attouchements sur sa jeune soeur, suite à quoi sa mère l’a envoyé loin de la maison.
Il s’est fait suivre par un psychologue pendant des années. Il n’avait plus jamais essayé de toucher une petite fille disait-il. Mais il avait aussi avoué à sa femme qu’il était content d’avoir eu deux fils. En fait il se savait attiré par les fillettes. Il ne s’en approchait pas parce qu’il savait que c’était mal et qu’il s’était fait suivre. Ca lui avait permis de réaliser, mais il savait quand même qu’il aimait les fillettes.
Bref, un jour, ce couple a déménagé. Elle était enceinte à ce moment-là et chez moi nous nous sommes demandés avec anxiété si elle attendait un garçon ou une fille…
Nous n’avons jamais su. Mais je me souviens que nous demandions tous comment est-ce qu’elle pouvait rester avec un homme qui avait touché sa soeur. Ca nous dépassait tous.
» Tu penses que ton poème vient de ça ? »
Je n’ai pas subi d’inceste. Cet épisode est le plus proche de mon poème car un jour le voisin a quitté sa femme pour une autre qui avait justement une petite fille. On a pensé alors, si jamais il la touche…
Mais il a fini par retourner auprès de sa femme. Il buvait comme un trou, il sortait sans cesse avec ses amis la laissant là avec les enfants. Elle disait aussi à ma mère qu’il avait beaucoup d’éjaculations précoces, que c’était plutôt moyen au lit. Mais elle l’aimait et s’accrochait à lui. Elle était contente quand il a quitté sa maîtresse pour revenir auprès d’elle.
C’était un collègue de mon père, effectivement connu comme un fêtard, très populaire. Tout le monde le trouvait sympa.
Quand ils étaient séparés on gardait souvent les enfants. Je me souviens que ma mère les faisait dessiner. Ils étaient jeunes, trois et cinq ans. Ma mère nous faisait dessiner aussi quand nous étions enfants car les petits ne savent pas exprimer leurs émotions parfois, elles sont trop lourdes pour eux.
» C’est vrai. »
Elle se servait de nos dessins pour savoir si nous étions bien intérieurement. Mais comment les analysait-elle ?
» Elle utilisait son coeur de maman. Ce n’est pas si difficile tu sais. Elle voyait si vous étiez contents de vos oeuvres ou pas. »
Elle avait raison en tout cas. Je me souviens que les dessins de l’aîné des deux étaient très explicites. Ils exprimaient sa colère devant la séparation de ses parents. Leur mère n’arrêtait pas de dénigrer leur père en leur présence et ils le vivaient mal.
Les deux nous ont fait des crises de larmes. L’aîné a été le premier. Il s’est arrêté un jour de dessiner et il s’est mis à pleurer avec rage, je n’avais jamais vu ça. Mon frère, ma soeur et moi nous sommes affolés mais ma mère a compris, elle nous a dit de le laisser faire. Quand il a cessé, elle est allé le cajoler et lui parler et quelques minutes après il riait et jouait.
Deux semaines après c’est le plus jeune qui s’est mis à pleurer de cette façon. En fait ils s’étaient déchargés et exprimés chez nous puisque leurs parents étaient chacun pris dans leurs propres colères.
Quand ils se sont remis ensemble ils ont décidé de se marier, ce qui n’était pas encore fait en réalité. Il lui avait dit plus d’une fois qu’il ne l’aimait pas et qu’il ne voulait pas l’épouser. Il avait changé d’avis pour obtenir une mutation. Elle s’en moquait, il lui avait dit oui, c’était tout ce qu’elle voyait. Ensuite elle est tombée enceinte et ils sont partis.
Le mariage n’est pas une fin en soi, c’est ce qu’avait dit ma mère et je pense qu’elle avait raison. Mais c’était à eux de voir en l’occurrence. Même la mère du marié ne croyait pas à cette union, elle a fait part de ses doutes à ma mère. Et puis cette histoire avec sa soeur était ressortie aussi. Tout le monde a réagi de la même façon en apprenant qu’elle était encore enceinte. Tout le monde a souhaité que ce ne soit pas une fille.
» Qu’aurais-tu fait à la place de ta voisine ? »
J’espère que j’aurais eu la force de quitter le gars au moment où j’aurais entendu heureusement que nous avons eu deux fils !
» Qu’aurait fait ta maman ? »
Elle serait parti aussi sec. Ma mère n’aurait pas supporté un homme qui boit et qui découche de toutes façons. Alors un violeur d’enfants en plus…
Ma mère a un tempérament très fort. Elle préfèrera toujours se retrouver dans les ennuis jusqu’au cou plutôt que de se soumettre à un homme ou de passer l’éponge sur ce qui la gêne. Un homme qui l’aurait quittée pour une autre, je ne sais pas si elle l’aurait repris…
» Que ferais-tu ? »
Il faudrait que je réfléchisse, je serais blessée moi. Et quand je suis blessée, mon regard change. Quoiqu’il arrive, ce ne pourrait plus être pareil.
» Que ferait ta soeur ? »
Le gars peut l’oublier, il ne la reverra jamais lol. C’est arrivé, il l’a suppliée. Mais vu le mensonge en question, je suis contente qu’elle ne l’ait pas repris.
» Vu le mensonge tu ne l’aurais pas repris non plus. »
C’était une trahison, il s’est marié religieusement dans son dos. Il n’y a plus aucune option en-dehors de la rupture là. Et marié à une autre il continuait de la relancer. Je suis contente qu’elle l’ait jeté. Je plains sa femme par contre. C’est se moquer du monde, les gens ne prennent pas leur responsabilité.
Si j’aimais courir les hommes, je l’assumerais. Je ne chercherais pas lâchement à me caser pour faire bien tout en continuant d’enchaîner les conquêtes. Je ne comprends pas cette attitude, il faut s’assumer.
Pourquoi les gens ne veulent pas vivre comme ils sont ?
» Parce qu’ils ne se voient pas comme ils sont mais comme ils aimeraient être. Ton voisin ne se voyait pas en violeur d’enfants. Il était père de famille et souviens-toi qu’il s’occupait de ses fils même séparé de leur mère.
De même, certains son casés comme vous dîtes mais la raison et le coeur sont deux choses distinctes. Surtout quand votre coeur est influencé par votre âme qui sait que ce que vous vivez ne vous correspond pas. Vous avez choisi une personne correspondant à certains critères mais ça ce n’est pas l’Amour ma belle Sylvie. Alors vous trompez votre ennui de diverses manières. C’est plus facile que de se remettre en question, seul moyen de trouver le bon partenaire un jour.
Et toi te vois-tu comme tu es ? »
Je ne sais pas bien finalement…
» Je peux te le dire. »
Tant que c’est toi et pas Sammael.
» Alors c’est moi qui vais te répondre Sylvie. Tu commences à te voir comme tu es. Mais il y a encore du trajet. »
Merci Sammael lol.
» Ta maman vous faisait dessiner, nous te faisons écrire. Ton poème d’aujourd’hui est issue de l’incompréhension générée par ces sentiments étrangers que tu ressens mais que tu ne comprends pas en raison de leur violence ou de leur nocivité à ton égard. Voilà pourquoi nous souhaitions t’en parler.
Si nous t’avons encouragé à écrire tout ce long texte apparemment hors sujet c’était pour que tu puisses y venir de toi-même en exprimant une incompréhension dont tu as toujours eu conscience à savoir comment peut-on aimer un homme qui aime les enfants.
Lorsque quelque chose te peine, ne l’enfouis pas, ne pense pas que tu as tort. Si tu es peinée ou heurtée c’est qu’il y a une raison. Si celle-ci n’est pas objective c’est qu’elle est subjective. D’où ton rêve de cette nuit. »
Merci Lauviah et vous tous autour de moi.
Bonne journée à tous