Bonjour à tous,
« Dans vos vies il y a des moments où vous voudriez plus, vous voudriez mieux, autrement, d’une manière qui conviendrait enfin. La liste de vos revendications peut s’allonger à l’infini tant que vous ne comprenez pas la nécessité pour vous de rester aussi simple que humble dans vos désirs.
Il ne s’agit pas de s’astreindre à vivre dans le dénuement, en ascète. Cessez d’attendre des autres, celui qui revendique est celui qui ne comprend pas sa propre souffrance.
Profiter des bienfaits de l’existence est à la portée de tous mais encore vous faut-il être capable de reconnaître les bienfaits qui vous conviennent.
Ma belle Sylvie, tu as enfin réussi à dire je suis malade. », me dit Haniel.
Enfin oui, comme tu dis. Je n’aime pas cette phrase et je ne me sentais pas du tout en phase avec, j’ai même toujours du mal en fait.
« Pourquoi était-il important de le reconnaître alors ? »
Parce que je suis malade. J’ai plusieurs intolérances alimentaires et je voyais plus cela comme une gêne qu’autre chose.
« De ce fait ? »
De ce fait je me disais, je ne sais pas, je voyais tout cela comme un problème à gérer dans ma vie, un souci à contourner.
« D’une part, les problèmes ne sont pas faits pour être contournés mais traités. D’autre part la manière d’aborder des ennuis de santé compte beaucoup dans la manière d’aborder les soins afférents. Tu ne peux pas espérer te soigner correctement si tu nies ta maladie. »
Je n’avais pas besoin d’une telle maladie, c’est surtout ça que je pense ! Et puis c’est gênant, on ne peut pas le cacher et c’est handicapant sur le plan social. Il faut que je réfléchisse chaque fois que je dois manger dehors, je suis obligée d’en parler. On dirait un caillou dans ma chaussure que je ne peux pas enlever.
« C’est parce que ce caillou gênant est ton propre pied, tu ne pourras jamais le couper sauf à te faire plus de mal encore. Et en quoi est-ce si énervant que tu ne puisses pas cacher ta maladie ? »
Ca ne le serait pas si je ne devais pas entendre si souvent, oh mais pour une fois pourquoi tu ne fais pas une exception ?
Je ne peux pas !!!! Ce ne sont pas les autres qui ont mal au ventre quand je fais une exception. En plus je sais maintenant pourquoi je ne grossissais pas, hélas, l’état de grâce est fini.
« L’état de grâce comme tu dis est responsable de tes vertiges, de tes baisses d’énergie, de tes maux de gorge persistant, des tremblements de tes mains et de ces traces blanches sur tes ongles. »
Je sais. J’ai du mal à faire remonter mes taux de vitamine.
« Il faudrait suivre à la lettre le régime extrêmement strict de ce médecin que tu ne veux plus voir. »
C’est quasiment le régime Seignalet qu’elle me conseillait. Sans le sel. Je n’arrive pas à manger sans sel, c’est vraiment trop dur. J’adore le sel et franchement je ne trouve pas le courage de faire cet effort-là.
« Pour l’instant c’est un peu tôt pour toi, mais il y aurait bien une autre solution. »
Laquelle ?
« Pourquoi est-ce si dur de devoir renoncer aux plats sucrés ou aux chips ? »
Je ne souhaite pas aborder ce sujet. Je vous l’ai dit en plus. On peut en parler entre nous plutôt, mais pas ici.
« De nombreuses personnes trouvent refuge dans la nourriture. C’est un moyen d’évacuer la pression, de se rassurer, de se réconforter. Dans ton cas se serait quoi à ton avis ma douce Sylvie ? »
Pourquoi tu ne m’écoutes pas ?
« Ce soir par exemple tu as vraiment été déçue de constater que toute la famille dinerait de crêpes sans toi. Demain il faudra retourner travailler, subir la pression de ta patronne qui n’ets pas du tout satisfaite des résultats des derniers mois, qui trouve toujours le moyen de mettre la pression et de demander plus quand vous avez la sensation d’être déjà à fond. Qu’en penses-tu ? Une petite soirée crêpes, cela aurait sans doute été agréable. »
Je ne sais pas.
« Tu voulais aller manger dehors en sortant du cinéma. Ce midi le restaurant choisi pour la fête des pères ne s’est pas révélé un excellent choix. Mais la journée a été bonne non ? »
Oui.
« Parfois elles le sont un peu moins, plus de tensions, des heurts, des frustrations. Tu te remets d’une contrariété, deux, tu as appris à encaisser beaucoup de choses mais pour amortir, un petit paquet de chips peut aider, non ? »
Je te dis que je ne sais pas.
« Parfois tu parles mais clairement tu sens que tu n’es pas entendue. Dans de tels moments quelques bonbons, fruits le plus souvent surtout mûrs et bien sucrés, sont bien appréciés. »
C’est vrai oui, tu as raison !
« Des intolérances alimentaires, voilà qui est bien contrariant, pourquoi au juste ? »
Parce que la nourriture c’était simple et agréable avant. C’était juste simple et agréable. Certes un refuge par moments je m’en suis rendue compte. Mais je ne savais pas que c’était ce qui me causait des problèmes d’anémie par exemple. Maintenant il faut que je cherche un autre refuge car il y vraiment trop de sel dans les chips.
« Ou alors, plutôt que de chercher un dérivatif peu productif, tu pourrais essayer de comprendre pourquoi tu as besoin d’un tel refuge. »
Voilà pourquoi je ne voulais pas en parler.
« Ce n’est pas parce que tu avais honte ? »
Aussi, merci de le signaler.
« Pourquoi le cacher ? Est-ce un drame ? Tu tentes de te gérer, c’est ce que vous faîtes tous. Mais c’est dommage de se contenter de réagir quand il est possible d’agir. La vraie question est quelle souffrance génère ce besoin de nourriture douce et agréable ?
La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît. Tu n’es pas une femme qui a manqué d’Amour ou d’affection et tu t’aimes comme tu es même si tu as pris du poids. Tu continues de te trouver belle.
Pourquoi as-tu décidé d’admettre que tu es malade finalement ? »
Parce que c’est le cas. Il faut que je l’admette si je veux pouvoir faire ce qui est bon pour moi.
« Exactement. Ce qui implique ? »
En l’occurence, cela veut aussi dire avoir des fréquentations harmonieuses. C’est important de ne pas être sans cesse obligée de me battre pour exister, de devoir toujours m’imposer. En fait, ma maladie m’a permis de réaliser que c’est autrement que je devrais rechercher de la douceur.
« Oui, c’est très bien. Tu vois, pas de revendication, de la simplicité. Les maladies peuvent vous amener à réaliser que ce n’est pas seulement votre corps physique qui souffre.
Tu as accepté le fait d’être malade quand tu as pleinement réalisé la dimension plus profonde de tes propres maux. Cela permet de regarder autour de soi avec un regard neuf et de prendre conscience de tous ces petits éléments qui en réalité peuvent se regrouper en un seul. Cela permet de prendre conscience de ce qui vous mine vraiment.
Tu es rattrappée par ta propre réalité, mais c’est toujours le cas en vérité. Qu’as-tu compris d’autre ? »
Eh bien on ne peut pas guérir les intolérances alimentaires. Je voyais cela comme une injustice en plus d’un handicap social. Mais en l’occurence, il n’y a pas de mal à accepter de recevoir. Ca fait même du bien en fait de voir que les gens pensent à moi et font des efforts quand ils m’invitent à dîner. Mais ça fait drôle aussi.
A l’inverse il est décevant de constater que certains ne réalisent pas que l’intolérance au lactose et au gluten est une vraie maladie.
Moi je ne suis pas couchée toute la journée dans un lit d’hôpital. Mais quand soudain j’ai un malaise et que j’ai besoin de me poser un instant, ça peut être dur à justifier. C’est aussi pour ça que j’avais besoin d’admettre que je suis malade. Je ne peux pas demander aux autres ce que je ne fais pas moi-même, ce n’est pas logique.
En fait cette maladie m’oblige à prendre soin de moi d’une manière qui m’est nouvelle. Je m’aperçois que je ne recherchais pas du tout la douceur dans ma vie. C’est curieux mais c’est vrai. J’étais persuadée qu’une porte close était faite pour être ouverte à tout prix. Or on ne peut pas enfoncer toutes les portes c’est ce que je constate maintenant.
Parfois il faut prendre le temps de chercher la clé. Je n’aime pas prendre le temps, voilà ce qui m’est nouveau. D’autant que la clé peut se trouver dans des emplacements vraiment inattendus.
« Il faut apprendre à tenir compte de la personne que vous savez être. C’est cela la simplicité, ne pas chercher plus loin que ce qui se présente à soi. Pourquoi regarder chez le voisin quand on peut faire de son propre jardin une merveille ? Il faut faire avec ce dont vous disposez, avec ce que tu es. »
Je sais que tu as raison.
« Je t’ai dit qu’il y avait certainement mieux pour toi qu’un régime strict, que tu as commencé à suivre et qui n’a pas eu les effets escomptés. »
J’ai vu oui.
« C’est bien d’avoir compris que le vrai problème est au-delà de l’assiette. Il ne fait que s’y répercuter. »
Merci à toi.
Bonne journée à tous
Witchlight Dreams
22 février, 2015 à 16:29
Coucou,
L’alimentation comme déstressant, je connais aussi… comme le besoin de douceur. En admettant tes propres faiblesses, tu aides aussi tes lecteurs à le faire (par effet miroir), merci.
Bise,
cel
crystallia
22 juin, 2011 à 11:47
J’avoue que j’aime le goût du lait de vache. J’ai abandonné le soja, je préfère douce digestion, le lait dans lequel on a ajouté de la lactase.
Bise