Lettre au père noël

 

Bonjour à tous,

J’ai été une gentille fille cette année (c’est ce que j’ai décidé de retenir) alors c’est avec sérénité que je rédige, déjà, ma lettre au père noël.

J’ai toute une liste de choses futiles et inutiles à demander mais surtout une seule qui me tiendrait vraiment à coeur.

« Et le père Fouettard ? », me demande Sammael.

Non lui je n’y crois pas, je n’ai pas été élevé dans la croyance d’un méchant père Fouettard. Non voilà ce qui se passait pour moi chaque année, mes parents me donnaient un catalogue de jouets et me demandaient ce que je voulais.

Ils me disaient que c’étaient eux qui apportaient des cadeaux et que le père noël n’existait pas. Toutefois, ils nous emmenaient aussi le voir au centre commercial et nous encourageaient à aller faire la queue pour obtenir des bonbons. 

Chez moi noël était une fête familiale pas religieuse. Le père noël était une attraction commerciale parmi d’autres mais mes parents nous offraient toujours des cadeaux.

Cette année je n’ai pas besoin qu’on me tende un catalogue de jouets ou d’autre chose. Je peux acheter les objets qui m’intéressent (d’accord, pas forcément tous lol), je voudrais quelque chose qui ne s’achète pas.

« Et le père Fouettard ? », insiste Sammael.

Qu’il vienne, je ne suis pas une petite fille et je n’aime pas les coups. Qu’il vienne, je saurais le recevoir. Mais attention, je pique une crise si le père noël ne le suit pas de près. Et c’est toi que j’irai voir Sammael.

« Tu crois que je ne saurais pas te recevoir ma belle Sylvie ? Viens, je suis là. Je vais prendre ta liste de souhaits pour noël, je t’écoute. »

D’accord, je voudrais des choses douces et sucrées. Mais qui ne m’écoeureront pas et ne me donneront pas mal au ventre.

La planche à découper de ma tante l’an dernier qui disait franchement qu’elle ne s’intéresse pas à la personne que je suis, c’était vraiment moche. Elle aurait au moins pu faire semblant de chercher quelque chose de sympathique.

Parce que tu vois en réalité, je n’ai pas de liste à rédiger, je ne veux aucun objet. Simplement, j’ai envie de recevoir autre chose qu’une planche à découper. Et en fait, pas spécialement pour noël, d’ailleurs je m’en fiche de noël.

Ca me fait penser à l’année où j’ai dit à ma mère que je voulais un chat. Elle m’a répondu, je te le réserve pour noël. Sauf que noël à ce moment-là me semblait le bout du monde.

« Mais tu as eu ton chat. Plus tard qu’à noël, toutefois tu l’as eu. »

C’est ce que je dois retenir, peu importe le temps seule compte l’issue ? Je pourrais penser cela tu vois, je pourrais…

« Si tu n’avais pas la sensation de ne recevoir que des planches à découper année après année. »

C’est un peu ça je dois dire oui. Pourquoi je ne reçois que des vilaines planches à découper ? 

Finalement, je voudrais bien que quelqu’un me tende un catalogue. Ou non mieux, je voudrais qu’on m’offre un superbe sac, parce que j’aime les sacs et que c’est cela qui importe.

« Finalement, tu commences à connaître le père Fouettard. »

Je te déteste.

« Peut-être qu’il ne suffit pas d’être une gentille fille pour que le père noël te gâte. Peut-être qu’il n’est pas nécessaire non plus de lui écrire.

Peut-être qu’il est possible d’apprécier les planches à découper, pour leur utilité. Ce sont des objets pratiques à défaut de faire plaisir.

Peut-être qu’aimer ce n’est pas faire plaisir c’est savoir toucher. Tu voudrais un sac, tu voudrais être touchée. Admettons, si tu en as pris conscience c’est grâce à toutes ces planches à découper impersonnelles que tu as reçu.

Rends-toi compte, l’enfant immature que tu étais aimait les catalogues. La femme que tu es devenue sait voir et reconnaître. Les planches à découper ont eu leur utilité.

Quel genre de sac aimes-tu ? »

J’aime surtout ceux que tout le monde n’aura pas forcément. J’aime ceux dans lesquels je me retrouve. Je n’aime pas les sacs extravagants, je ne suis pas quelqu’un d’extravagant.

Toutefois j’aime les sacs élégants qui peuvent réhausser une tenue. Mais surtout j’aime l’intérieur des sacs, j’aime leur contenu, mon contenu. 

Tu sais j’ai acquis suffisamment d’assurance pour pouvoir assumer la femme que je suis. Je ne suis pas parfaite, mais j’ai confiance en ma féminité et je sais quels messages j’aime envoyer. Le sac est un détail de la tenue, cependant soigner les détails c’est s’affirmer.

« Comme quand tu écris de toutes les couleurs ou que tu choisis chaque image de ton blog. »

Par exemple oui lol !

« Une femme qui s’affirme est une femme qui sait ce qu’elle veut. »

On est d’accord, je sais exactement ce que je veux même si je ne le dis pas. Je sais très précisément je vois clair dans tout mon paysage. Dis-moi que le père fouettard ne viendra plus me voir. Je lui balance sa planche à découper à la figure cette fois, comme toutes les autres d’ailleurs. Pourquoi il ne va pas trouver quelqu’un d’autre…

« Qui sait, peut-être que les sacs se trouvent dans les magasins et non pas dans les hottes, peut-être que le père noël ne peut offrir que ce qu’il y a dans les catalogues. Or, tu l’as dit toi-même, tu veux quelque chose qui ne s’achète pas. »

Merci Sammael, c’est décidément une joie de discuter avec toi ce soir. Je vais me coucher.

« Si tu veux, vas donc dormir, je veillerai sur toi, comme je veille toujours sur toi. »

Excuse-moi.

« Peut-être que les grandes filles n’ont pas besoin du père noël après tout. »

Peut-être.

« Tu avais eu ton chat. »

C’est vrai, un adorable chat.

« Comme quoi. »

Lol ! Merci Sammael.

Bonne journée à tous