L’élément le plus important

Bonjour à tous,

Je souhaite reprendre mes études. Je voudrais étudier la psychologie. Au départ c’est un autre domaine qui m’intéressait. Toutefois soudain mes yeux se sont ouverts en grands et j’ai vu un chemin se dessiner devant moi, un chemin que j’ai vraiment envie d’emprunter et ça tombe bien, il se trouve sous mes pieds lol, il s’agit du mien.

Je me suis renseignée, il existe un moyen de faire de telles études à distance. Je m’en suis réjouie au départ car malheureusement cette filière n’existe pas en Martinique. Il y a bien une fac de droit par contre lol. Mais je ne souhaite pas poursuivre dans cette voie-là. Et pourtant, on me propose de devenir huissier de justice en commençant par devenir clerc dans un cabinet. Huissier, avocat ou notaire, aucun des trois ne m’intéresse, je vous le dis franchement.

Au contraire j’ai l’impression que tout en moi se ferme et se durcit quand j’essaye de me projeter dans l’une de ses directions. Je savais depuis longtemps que le droit n’était pas ma vocation. Mais contrairement à certains, moi j’ai dû la chercher pour la trouver, je n’ai pas « toujours su ».

Bon évidemment je sais qu’un nombre non négligeable de personnes découvrent leur vocation en vivant, en expérimentant et quelque part c’est tant mieux. Ca prouve que rien n’est figé et que l’on peut toujours évoluer. Néanmoins se trouver face à ce genre d’évidence nous amène à remettre quasiment toute notre vie matérielle en question lol.

Je ne suis pas un génie ou une surdouée mais chaque fois que je me suis donnée, j’ai obtenu de bons résultats dans mes études. Après, je reconnais que je n’étais pas forcément l’étudiante la plus régulière lol.

Tout ça pour dire que ce ne sont pas les études elles-mêmes qui me font peur. Dans mon cas c’est surtout ma motivation qui subordonne ma réussite. Alors à moins que je sois hermétique à une matière donnée (c’est déjà arrivé, connaissez-vous l’histoire des idées politiques ? Ce cours m’apparaissait comme une punition), je finis toujours par trouver la force de lire et de relire jusqu’à ce que j’ai tout asismilé (c’est ma manière d’apprendre, je n’aime pas les fiches, je ne récite pas non plus, j’aime comprendre).

Non le vrai problème c’est que je me demande comment je vais pouvoir concilier travail et études. Surtout que ma tension baisse chaque fois que je fais un effort inhabituel et qu’il me faut du temps pour me remettre physiquement. J’avais décidé de ne pas en tenir compte cependant, me disant, je ferai comme d’habitude, je suivrai un traitement.

Mais plus le temps passe et plus je me remets difficilement de ce type de problèmes. Il y a dix ans je vivais presque sans problème avec un taux de fer si bas que mon médecin avait un jour ouvert de grands yeux en voyant le chiffre qui apparaissait sur mes résultats d’analyses. Il s’était écrié, et vous tenez debout !

Aujourd’hui mon taux de fer est largement remonté même s’il reste en dessous de la norme. Toutefois quand mon corps n’en peut plus désormais j’ai des douleurs qui apparaissent aux articulations. Non je ne souffre pas d’arthrose ou ce genre de choses, j’ai fait des examens cliniques pour vérifier.

De ce fait, je me rends bien compte qu’il faut que je trouve une solution qui me permette de ne pas aggraver mon état de santé. Mais je vais trouver, d’un,e façon ou d’une autre et même si je ne m’inscris pas à la rentrée prochaine mais plutôt à celle d’après. Je trouverai.

« La santé passe avant n’importe quel autre élément. », me rappelle Roéchel.

Je le sais bien.

« Nous avons dû te le rappeler. »

C’est vrai, je trouve que ça a quelque chose de frustrant de devoir se préoccuper de ce genre de choses.

« Petite fille, s’il y a dix ans tu n’avais pas ri devant les exclamations du médecin, peut-être que tu n’en serais pas là aujourd’hui. »

Lol, c’est injuste, je ne savais pas que l’anémie était un symptôme et non pas une maladie. On m’avait dit que je vivais avec.

« Tu subis des baisses de tension depuis ton adolescence, l’anémie seule n’expliquait pas tout. C’est à vous aussi de vous intéresser à vous-mêmes. Tu as eu peur quand on t’a laissé entendre qu’il se pourrait que tu souffres d’une pathologie plus grave que tu ne l’imaginais. Voilà pourquoi tu as tant attendu avant de chercher à découvrir de quoi tu souffrais vraiment. Admettons, la peur peut se comprendre. Un temps.

Tu sembles avoir la chance d’avoir encore des symptômes finalement assez légers. En dehors de ces intolérances alimentaires irréversibles. C’est bien qu’aujourd’hui tu réalises qu’il te faut tenir compte de ta santé, même quand tout va bien.

Il faut une forte motivation pour faire des études en travaillant. Il faut mettre de côté certaines choses également, les études prennent du temps. Elles représentent aussi un investissement financier plus conséquent qu’à l’époque où tu as obtenu ton bac, tu t’en es rendu compte en faisant quelques recherches.

En fait, pour un adulte, les études représentent un investissement important à tous les niveaux car demandent une implication de nature à « léser » bon nombre d’autres aspects de la vie matérielle. 

La santé ne saurait être un des aspects lésés. Alors, quels sacrifices es-tu prête à consentir ? C’est sage en apparence de se dire, je vais me renseigner et voir de quelle manière je pourrais mettre mon projet en place, même si ce n’est pas en 2012, mais dans les faits ma belle enfant, tu ne pourras pas tout avoir. Voilà ce qu’il faut commencer à considérer. »

Si je regarde les choses sous l’angle que tu me montres, c’est soit les études soit le travail. En l’état actuel des choses, je ne me vois pas choisir autre chose que le travail si je ne peux pas faire les deux en même temps.

« Tu ruineras ta santé en faisant les deux, nous te le disons franchement. Tu n’a pas les moyens physiques de supporter les contraintes d’un travail à plein temps et les efforts qu’implique une reprise d’études. »

Je n’ai financièrement pas les moyens de faire un tel choix. Soit je fais les deux soit j’oublie au moins pour un temps.

« Il suffira que tu commences à étudier pour que ta tension chute à nouveau. Tu ne te débarrasseras pas de ton anémie tant que tu vivras avec des fibromes, que rappelons-le, le médecin a refusé d’opérer en raison de leur nombre et de leur localisation. Le moins dangereux pour toi est de les garder jusqu’à ce que tu aies eu des enfants. D’ailleurs le médecin t’avait conseillé de t’y mettre. »

Lol !!! C’est encore moins d’actualité qu’avant ça !

« Vraiment ? C’est dommage, ce sera une bonne expérience pour toi tu verras. Tu apprécieras. »

Ce n’est pas encore l’heure Roéchel.

« Soit, inutile en tout cas d’aggraver les choses. »

Ca va j’ai compris. Merci à toi.

« Je t’ai demandé ce que tu étais prête à sacrifier, je ne t’ai pas dit de renoncer. Ce n’est pas la même chose. »

Sacrifier ? J’ai déjà des diplômes, je désire pourtant reprendre des études. Est-ce que ce que je suis prête à sacrifier n’est pas déjà évident ?

A moins de me spécialiser dans les affaires judiciaires par la suite, je sacrifie tout le bénéfice de mes études juridiques. Tu crois que je ne vois pas ça ?

« Mais pour la première fois de ta vie, tu vois ce que tu voudrais réaliser, tu vois l’édifice que tu pourrais et voudrais construire. »

Oui.

« Comment pourrions-nous alors te conseiller de renoncer ? Ce n’est pas possible, nous voyons ce même édifice et nous t’encourageons. Mais il faudra le construire sans violence. Tu n’as pas les moyens physiques de travailler et d’étudier en même temps. Tu ruineras ta santé.  Et alors tout sera terminé, tu ne pourras plus rien réaliser. »

Alors ce n’est pas le bon moment. Je vois l’édifice oui, mais si je ne peux pas l’ériger maintenant c’est que je n’ai pas encore les matériaux nécessaires à son édification. C’est dommage tu vois, parce que je vois exactement où je désire aller, je vois jusqu’où, je vois le but par-delà le travail à fournir.

Je ne cherche pas une nouvelle voie à tâtons, je sais pourquoi c’est celle-là. Je vois le chemin et je vois où il conduit.

En outre je ne suis plus une enfant, j’aime gagner ma vie.

« Tu as besoin de découvrir ce qu’est la confiance, pas la foi, la confiance. »

Quel rapport ?

« Ce que tu aimes surtout c’est avoir la paix et pouvoir envoyer promener ceux qui ne sont pas d’accord avec toi. Quand tu gagnes ta vie, tu disposes de ton propre argent. Dès lors, si tu as envie d’acheter quelque chose, tu le fais. Quoique quiconque puisse en penser. N’est-ce pas ta façon de penser ? »

Effectivement.

« Il faut dire que tu as très longtemps connu la très grosse difficulté de te trouver en position d’être obligée de tenir compte de l’avis de personnes qui n’étaient pas toujours d’accord avec toi. Pour ne pas dire que l’avis de ces personnes étaient souvent à l’opposé du tien. Combien de fois as-tu enragé intérieurement en pensant que tu aimerais pouvoir les envoyer au diable. Mais voilà, ce n’est pas toujours si facile, n’est-ce pas ? »

Certes. C’est une vraie plaie de se trouver dans une telle position de faiblesse. Et justement, c’est surtout pour cette raison que je refuse d’arrêter de travailler. Je ne veux plus jamais connaître ça. Au moins en ayant de l’argent, on conserve une marge de manoeuvre. Encore que, à différents degré on peut se retrouver dans cette position dans bien des domaines…

« Comme dans le travail par exemple. »

Par exemple.

« Il faut que tu apprennes à faire confiance. »

Et à qui veux-tu que je fasse confiance de toutes façons ? Et de quelle manière ?

« La confiance va de pair avec le respect. Quand tu respectes sincèrement une personne, alors tu ne lui fais pas sentir qu’elle est en position de faiblesse. Au contraire tu lui fais sentir qu’elle est ton égale, que tu crois en elle et si tu n’es pas d’accord avec ses points de vue, tu lui présentes tes arguments sans chercher à les imposer. »

Ca n’existe pas ça. Tu veux que je te dise ce que je connais ?

« Tu ne connais que la violence des mots et des actes. Tu ne connais que la violence de l’ego. C’est l’Amour qui permet d’accueillir l’autre, de le respecter et d’être ouvert au choix d’un coeur qui n’est pas le sien.

Je sais ce que tu connais. Nous savons pourquoi tu es aussi capricieuse. Nous savons que lorsque tu es parfaitement sereine tu resembles à une enfant joyeuse et insouciante.

La violence ne t’apportera rien. Faire des études tout en travaillant reviendrait à choisir la violence. Mais tu ne fais confiance à personne dans ton entourage n’est-ce pas ? Tu sais pourquoi, mais tu ne mesures pas la tristesse de cette réalité.

Tous ces fibromes dans ton ventre, tu ne veux pas qu’ils disparaissent ? »

Non, les seuls traitements possibles seraient pires que la situation actuelle. Et je n’ai pas supporté le seul médicament que je pouvais prendre. Je vais suivre les conseils du médecin, je vais attendre la ménopause et je me ferai enlever tout ou partie de l’utérus. Même si je préfèrerais me débarrasser des fibromes maintenant en vérité.

« Peut-être qu’il est rarement possible de bâtir sans fondation, non ? Peut-être que plutôt que de regarder l’édifice tu devrais te concentrer sur les fondations. »

Je croyais que c’était ce que je faisais.

« Tu crois aussi que la meilleure manière de toujours être bien avec les autres, c’est de s’arranger pour ne jamais rien devoir à personne.

Tu as besoin d’apprendre la confiance ma belle enfant. Il y a bien des personnes qui arrivent sur ce site, qui te posent des questions alors qu’ils ne te connaissent pas et tu leur réponds sans rien leur demander en échange. 

Respecter autrui c’est reconnaître qu’il est ton égal. Dès lors, si tu te fais confiance, tu ne peux que faire confiance. »

Si je me fais confiance, je ne me trompe pas de voie.

« Alors fais confiance car tu as simplement besoin d’aide. Dure réalité pour toi ma belle enfant, n’est-ce pas ?

Et pourtant. »

Lol, merci Roéchel.

Bonne journée à tous