Bonjour à tous,
Fêtes des mères oblige, j’ai assisté à une réunion de famille aujourd’hui. Tout se passait bien, jusqu’à ce que mon oncle fasse tomber le pain au beurre (une pâtisserie traditionnelle).
Ma tante a alors explosé, d’une manière autant disproportionnée qu’incompréhensible. Cela m’a rappelée tant de choses. Vous savez sûrement, c’est si facile de s’énerver pour le dentifrice mal rebouché ou si incroyable de voir d’autres s’emporter parce qu’on a laissé trainer une paire de chaussettes.
Sur le coup, d’un côté comme de l’autre, on s’emporte sur des détails et on s’y accroche. Du pain au beurre renversé on passe à cette manie qu’à l’autre de toujours faire ceci ou cela et la liste des griefs peut s’allonger d’une manière inattendue pourvu que les deux parties aient de l’eau à apporter au moulin.
C’est dans ces moments-là que l’on se rend pleinement compte de tout ce que l’on garde, enfouit, de tout ce avec quoi on croit composer habilement mais qui nourrit en fait notre livre de compte.
C’est surtout de cela dont je souhaite parler aujourd’hui, le fameux livre de compte. Et avouons-le, nous sommes nombreux à tenir des comptes avec une rigueur franchement déconcertante.
Ma tante, celle qui justement n’a pas supporté de voir le pain au beurre tomber tout à l’heure, a élevé sa fille dans l’idée que lorsque nous avons des reproches à faire à quelqu’un, il ne faut surtout pas les garder pour nous mais bien les exprimer, dire ce que l’on pense à la personne en question.
Effectivement de cette façon, on pourrait penser que le livre de compte deviendrait superflu, totalement inutile. Toutefois est-ce si simple ?
Il arrive que l’on exprime clairement son ressenti à l’autre. Seulement, cet autre a sa propre façon de penser, ses idées. Rien ne l’oblige à comprendre ou approuver notre point de vue. Rien ne l’oblige à en tenir compte et surtout, quand bien même il souhaiterait faire un effort, rien ne peut garantir que ce qui est important pour nous le sera aussi pour lui.
Si bien qu’il s’avère qu’en fait, il n’est pas si facile de jeter le livre de compte. Que faire quand parler ne suffit plus ? Agir ? Là encore, dans quelle direction, quel but, pourquoi est-ce si important de toucher l’autre ?
Si on va dans cette voie, il apparait que c’est à celui qui tient des comptes de se remettre en question. Alors même que c’est à cause d’autrui que le livre existe ! Non ?
Mais comment opérer une remise en question productive quand la douleur, la frustration, les complexes, le déni ne nous amènent à ne voir qu’une chose, cet affreux méchant Autre.
Alors me direz-vous, j’ai beau jeu d’écrire un tel article quand je passe mon temps à me plaindre de mon épouvantable patronne. Et de mes indigestes collègues.
Je ne vais pas le nier, ce n’est plus un livre que j’ai mais une encyclopédie. Je suis la première à le reconnaître, je n’ai pas de difficultés à remplir mes colonnes de griefs. D’ailleurs si on me demandait à cet instant précis de faire la liste de ce qui me dérange dans ma propre vie, je pourrais être intarissable.
Serait-ce productif pour moi cela dit ? Je ne crois pas ou plutôt, je sais par expérience que non. Or, suis-je obligée de n’appréhender la vie que de cette façon ? Heureusement, je sais aussi par expérience que non justement.
L’autre soir chez ma cousine, nous parlions politique. L’une de mes nombreuses cousines étaient en vacances ici et nous nous sommes réunis, juste entre « jeunes ». J’ai été surprise de voir finalement combien la majorité d’entre nous étions pessimistes. Entre celle qui pense que l’on paye trop pour les avantages sociaux de X et Y et ceux qui pensent que de toute façon c’est de plus en plus dur et on se fait avoir sur toute la ligne, ce qui est ressorti c’est que là aussi, au niveau de nos attentes et de ce que semble nous proposer une certaine réalité, il y a largement de quoi alimenter le livre de compte.
Il n’y a pas que les autres qui nous énervent souvent, il faut le reconnaître. Encore une fois cela dit, qu’est-ce que le fait de montrer du doigt tel politicien va nous apporter ?
J’avoue que depuis que j’ai décidé de m’investir vraiment dans les consultations, je pense différemment. Longtemps je me suis demandée si je voulais, si je ne voulais pas…
Je me suis demandée pourquoi je le faisais. C’était ça surtout, pourquoi ? Juste pour l’argent ça n’allait pas, juste pour le plaisir non plus, juste pour aider encore moins.
Je sentais trop d’insatisfactions ça et là pour ne pas regarder au-dehors, pour ne pas attendre qu’une justice quelconque me donne raison quelque part.
Je voyais trop d’absurdités aussi. Ou des choses que je considérais comme telles. Comment ne pas continuer à regarder dehors, alors que j’avais tant de colère en moi ?
Combien de fois aurais-je souhaité que quelqu’un renverse le pain au beurre !
Il n’y a pas cinquante solutions quand une situation parait sans issue. Soit on se laisse couler, soit on se remet en question. Plutôt que « pourquoi j’en suis là ? », essayer « où se cache le soleil ? ».
Très concrètement, je ne compte plus le nombre de fois où j’ai demandé de l’aide pour trouver une voie d’épanouissement professionnelle. Avant de me rendre compte doucement mais sûrement, que j’avais déjà dans les mains tout ce dont j’avais besoin. D’où le fait que je vois les choses différemment aujourd’hui.
D’où le fait que je ne dise plus, à quand le politicien qui s’intéressera aussi aux gens normaux ? Je ne dis pas que désormais plus rien ne me touche, au contraire. Seulement, je ne souhaite plus me laisser submerger par un faux sentiment d’impuissance.
Je pense qu’il est temps d’apurer mes comptes. Le soleil brille tellement mieux de ce côté-là.
Je ne dis pas que ma colère s’est mystérieusement envolée, mais à mesure que je prends conscience de ce que j’ai vraiment, elle diminue sérieusement.
« C’est ce que vous appelez résilience, cette capacité à dépasser les difficultés pourtant bien réelles. C’est ce que nous attendons de toi en vérité, que tu utilises cette force, cet atout que tu possèdes. Le soleil brille toujours pour ceux qui savent regarder au-dessus des nuages. Tu l’as dit toi-même, vous n’avez que deux choix possibles. »
Oui et je ne souhaite pas me laisser couler. Merci à toi Daniel.
Bonne journée à tous
crystallia
28 mai, 2013 à 11:16
Salut,
Amusons-nous oui,c’est encore la meilleure chose à faire.
Bise
clo
27 mai, 2013 à 13:40
Coucou Sylvie,
Fais tout tomber : chocolat, pain au beurre ….et amuses -toi !! l’expérience de vie peut être un jeu type « circuit découverte » tout à fait joyeux ; demandes donc un bonbon à la petite fille ….., c’est bien le bonbon que tu crois connaître mais il te semblera soudain différent et tu te surprendras à en apprécier le goût….
bises
Jonathan
27 mai, 2013 à 13:36
Merci beaucoup.
Nicolas
27 mai, 2013 à 4:59
Hello
ca me fait vraiment plaisir, enfin tu as compris…. : )
crystallia
27 mai, 2013 à 2:28
Salut,
Lol ! Merci à toi.
Bise
Voie Lactée
27 mai, 2013 à 1:41
Jolie prise de conscience, ma belle
P.S. : Au début, je me demandais si le (pain renversé au beurre) existait. Par chance que j’ai tout lu ton texte, sinon je t’aurais presque demandée la recette… xD