Bonjour à tous,
« Bien, quand tu veux une pizza, tu n’as pas d’autre choix que de la faire toi-même n’est-ce pas ? », me demande Sammael.
Oui.
« Donc, tu prends le temps de réaliser une pâte à base de farine de riz et de maïzena. Ce qui est mieux que ta méthode précédente. »
Je ne comprends pas pourquoi vous insister ainsi, les médecins recommandent ce que vous appelez cette épouvantable farine chimique. Mais bon, je vous ai entendu, j’ai choisi de m’en passer.
« Tu prends le temps de faire tes pizzas et tu les savoures avec délice ensuite. »
Tout à fait.
« Le chagrin, la peine, les blessures, sont comme de la farine de riz. Avec cette seule farine, tu ne peux rien faire du tout, il te faut d’autres ingrédients. Il t’a fallu élaborer une recette en l’occurrence. Tous ces livres de cuisine dans lesquels tu as trouvé moult conseils contradictoires. Tu t’es fiée à ton expérience et à ton goût pour élaborer une recette qui te convienne.
Guérir une blessure, c’est la même chose. Partons de cela. La blessure est là, il faut trouver la bonne méthode de soin, ensuite les bons remèdes et enfin il faut laisser le temps faire son œuvre. »
Qu’est-ce que tu veux dire ?
« Quelques jours après ton expulsion tu prenais l’avion pour revenir vivre chez tes parents. Tu t’en souviens ? Pourtant, même si tu avais de nouveau un toit, l’épreuve que tu venais de traverser avait laissé des traces. Il fallait que tu t’en remettes.
Tu as su te relever et continuer. Cela ne signifie pas qu’il t’a fallu cinq minutes pour te remettre. Ce n’est que maintenant, des années après donc, que tu vois le bout des séquelles de cette épreuve.
Aussi, comprends qu’il est normal que malgré ta démission, il te faille encore quelques temps pour te remettre de cette douloureuse expérience que tu viens de vivre. En soi, ce qui s’est passé hier soir n’est qu’une mesquinerie de plus et tu le sais. La raison pour laquelle cela te touche est qu’elle s’avère être la goutte d’eau de trop.
Tu vas te remettre Sylvie, ma douce Sylvie, mais pas en cinq minutes. Tu as eu trop mal trop longtemps.
Ce matin tu t’es réveillée fâchée parce que beaucoup d’énergies sont remontées à la surface. Elles remontent aujourd’hui que la situation a changé pour te permettre d’évacuer dans un premier temps. Et durant ce temps, tu seras souvent énervée. Permets-toi d’être énervée, accepte ce qui remonte parce qu’en réalité c’était enfoui en toi.
Personne ne se remet d’une blessure en cinq minutes, personne. Avec nous tu peux être toi-même et si tu as besoin de parler nous serons là pour toi. Même si tu écris juste dans ton journal. Mais tu sais, tu n’as pas de honte à avoir vis-à-vis de cette douleur qui se manifeste aujourd’hui.
Tu guériras petit à petit et cela est un processus normal. Il y a des choses dont tu n’arrives toujours pas à parler avec tes proches ou même ici sur ton blog. Des choses qui se sont passées au travail et qui te minent en restant ainsi dans une lumière malsaine. Un jour il faudra les évoquer.
Quand il y a deux jours la directrice t’a dit qu’elle avait honte de parler de sa situation actuelle avec sa fille à des proches, tu lui as répondu qu’elle n’avait pas à ressentir une telle chose. Aujourd’hui c’est à toi que nous le disons.
Pour pouvoir guérir d’une blessure émotionnelle il faut pouvoir regarder les faits en face, les accepter tels qu’ils sont et ensuite, dans un second temps, faire la part des choses.
Je te propose ce soir d’évoquer un fait qui t’a fait te sentir mal ou honteuse. »
Non je ne le souhaite pas.
« Je vais insister. »
On ne publiera pas l’article ?
« Si. »
Alors je ne le souhaite pas.
« D’accord. Parlons de la fois où on t’a demandé de vérifier que l’un des intérimaires avait correctement composté le courrier. »
Je n’ai pas aimé contrôler son « travail », c’était tellement ridicule. C’est comme avec la jeune intérimaire actuelle, on lui montre les choses vite fait et il faudrait qu’en 3 secondes elle ait tout compris.
Mais puisque tu insistes finalement, il y a plusieurs choses qui m’ont beaucoup énervé. Le pire à mes yeux étant de n’être pas considérée du tout. Tous les pires dossiers étaient pour moi, ceux dans lesquels il n’y avait quasiment aucun enjeu juridique. C’était moi qui me retrouvais à faire toutes les corvées. A un moment la gérante a même décrété que je ne pouvais me lever qu’à des moments précis alors que tous mes collègues allaient et venaient. Quand il y avait des nouveaux, elle présentait tout le monde en disant Monsieur et Madame alors que moi j’étais toujours Sylvie, je n’étais jamais Mademoiselle ou Madame. Elle présentait mon collègue en disant le juriste et moi j’étais juste Sylvie. Je ne suis pas juriste ? J’ai les mêmes diplômes que lui.
Moi je ne pouvais jamais donner mon avis sur rien, je ne pouvais pas prendre d’initiative, on fouillait dans mon bureau, n’importe qui pouvait s’asseoir à ma place quand je n’étais pas là et je vois que mes collègues ont tous des placards fermés à clé, dont ils ont seuls la clé. On ne fouille pas leurs mails, ne leur assigne jamais de tâche.
J’étais la seule, la seule à ne pas pouvoir consulter les chiffres y compris ma propre progression, il fallait que je demande à mes collègues. Même les intérimaires ne sont pas bloqués. Je ne comprends pas. Je suis la seule qui ne pouvait plus accéder aux fichiers des clients, il fallait que je passe par la gérante pour chaque infime modification à apporter.
Et quand mes collègues allaient et venaient sur les mêmes fichiers, je n’entendais pas qu’elle leur reprochait de ne pas l’avoir avertie de tel ou tel évènement.
Mais ce dont j’ai le plus honte, est d’avoir fait confiance à la directrice qui m’a embauchée à un salaire bas en me promettant de m’aligner dans l’année sur mon collègue le plus proche. Le fait est que j’aurais dû y gagner, mais elle n’a jamais pu le faire et je sais pourquoi. Je me sens tellement stupide vis-à-vis de cette situation. C’est la raison pour laquelle je vis toujours chez mes parents alors que j’avais un CDI. Il fallait que je choisisse entre la voiture et le logement.
Je n’avais aucune marge de manœuvre, je me sentais comme en prison là-dedans et j’avais honte de me voir dans cette situation. Par contre on aurait trouvé normal que j’arrive tôt, que je parte tard et que je trime entre les deux.
La comptable refait les fiches de paye sept à huit fois tous les mois parce qu’elle se plante. Mon collègue le plus proche fait des tas d’erreurs mais c’est sur mon seul dos qu’était la gérante. A me traiter comme sa bonne et je ne pouvais jamais rien dire, jamais. La seule fois où je l’ai fait j’ai reçu un avertissement. J’avais juste dit ce que je pensais.
Aucun de mes collègues n’aurait témoigné pour moi si j’avais porté plainte. Je me sentais coincée, je devais me conditionner chaque jour pour aller travailler et j’étais obligée d’y aller parce que je suis obligée de travailler.
Je pensais qu’il suffirait que je parte pour me sentir mieux. Pour oublier.
« As-tu oublié que tu as perdu ton logement ? »
Non évidemment, comment veux-tu que j’oublie ? Mais je ne m’en veux plus. Je suis même retournée à Marseille. Il fallait que je revoie le quartier.
« Tout le monde t’y avait encouragé. »
Oui.
« Quand tu es tombée à la patinoire, tu t’es blessée au genou. Tu as mis deux mois à te remettre. Ton corps t’a imposé ce délai, aujourd’hui c’est ton mental qui t’impose un délai. Il faut que tu te remettes de cette expérience. »
Combien de temps ?
« Ce n’est pas ce qui importe. »
Je le sais en plus…
« Mais tu vas te remettre. »
Ça aussi je le sais.
« Alors est-ce que tu comprends l’importance de publier cet article ? Pour toi-même. »
Je comprends que j’ai très envie de passer à autre chose. Et donc de parler publiquement d’autre chose.
« Ce sont les poids qui vous retiennent. La honte est un poids. Conséquent. Laisse-le au fond de l’eau et remonte à la surface Sylvie. Va manger une bonne pizza. »
Je crois que j’ai abusé du chocolat ces derniers jours.
« Tu en mangeras moins la semaine prochaine. »
Ah il faut ! Mais je ne souhaite pas publier cet article.
« Je vais rester avec toi. Nous serons toujours là pour toi. »
Avec ce type d’articles je me sens toujours vulnérable, je n’aime pas cela.
« Tu as le droit d’avoir des faiblesses. Tu as le droit d’être faillible. Tu as le droit de faire des erreurs ou d’avoir des regrets. Néanmoins sache t’ouvrir à l’opportunité de dépasser de tels faux écueils. Demain matin tu ne réveilleras pas fâchée ainsi. »
Merci à toi. J’attends la fin de la chanson pour me décider.
Bonne journée à tous
Bluebird
26 février, 2014 à 9:39
Bonjour Sylvie, bonjour Sammael,
Merci à vous deux pour cette réponse.
(Je vais la garder près de mon coeur et suivre ce qu’elle m’invite à vivre…)
Très belle journée à toi Sylvie,
Bluebird
Bluebird
24 février, 2014 à 16:15
Bonjour Sylvie,
Je découvre tes posts du WE….et celui-ci m’aide beaucoup.
Est-ce que c’est bien ça le message de Sammael :
« C’est seulement après la tempête, lorsque le calme revient,qu’on peut prendre conscience de nos blessures et chercher à les guérir ? Avec bienveillance et patience..Et qu’on a pu tenir le coup dans l’épreuve parce qu’on ne sentait pas réellement nos blessures ? »
Je ne comprenais pas pourquoi je me suis effondrée ce WE. Physiquement et nerveusement effondrée. Alors que tout va bien, et que justement je pensais enfin être sortie de la tempête !
Merci….j’étais très déboussolée. C’est tellement irrationnel d’être si mal des mois après l’épreuve, quand tout semble s’être enfin arrangé.
Ton post me redonne l’espoir que c’est peut-être normal et qu’on ne guérit pas « en 5min ». Merci Sammael, merci Sylvie
crystallia
25 février, 2014 à 19:59
Salut,
« La force qui permet d’avancer dans l’épreuve est celle qui permet de guérir. »
C’est la réponse de Sammael. Merci à lui.
Bise
Camille
23 février, 2014 à 23:33
Coucou Sylvie,
A la fin de ton article, j’avais la musique « Formidable » de stromae.
ahem ahem je sors
Bises
capucine
23 février, 2014 à 15:05
Bonjour ! Quelle découverte émouvante cette confidence ! Pour guérie, une remède : la prière, la vraie prière de foi éperdue en Dieu qui guérit toute blessure avec sa tendresse infinie. Se reposer en Lui te guérit.
clo
23 février, 2014 à 13:25
Coucou Sylvie,
En te lisant, je me rends compte que j’ai aussi d’anciennes blessures de sépaation e e rejet tellement enfouies qu’il ne m’e reste que le goût mais plus du tout le contexte : comment faire pour les « éclairer » ?
Bises et merci parcequ’accepter de t’aider nous aide aussi
Biche
23 février, 2014 à 11:24
Continue Sylvie, c’est vraiment très important ce que tu écris, ce que tu nous fais partager là dans cet article plus particulièrement.
Bien amicalement