Bonjour à tous,
Pourquoi vous infliger la liste de dix choses que j’aime ? Pourquoi pas, voyons où ça nous mènera.
1 – Ma gourmandise, elle est une des choses qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.
« Quelle joli démarrage, que préfères-tu ? Des biscuits raisins-noisettes ou du gâteau au chocolat ? », me demande Ammiriah.
Tout dépend de l’humeur du jour et de ce qu’il reste dans le placard ! Demain il faudra que je fasse les fonds de tiroir pour le petit déjeuner, je n’ai pas fait de course ce soir. Heureusement que maman a acheté de la poudre d’amande.
2 – Mon tapis rose, je tire les cartes dessus, j’adore marcher pieds nus dessus, m’asseoir dessus, j’adore les tapis tout doux en fait. Non je n’ai plus dix ans. Mais j’ai l’âge de pouvoir m’acheter un tapis rose si j’en ai envie. Il me rappelle que la vie peut aussi être toute douce et agréable. Et puis le matin au réveil, il est plus agréable que le carrelage.
« Le rose est une couleur qui renvoie à l’enfance. C’est aussi une de tes deux couleurs préférées. L’autre, le violet, renvoie à la maturité. C’est le grand écart. Mais cette contradiction te définit bien.
3 – La beauté et le calme de la nature, je suis une fille de la ville pourtant mais c’est bizarre, plus le temps passe, plus je me rends compte que j’ai besoin de nature. De là à m’installer à la campagne, je pense qu’on n’y est pas encore !
« Il y a peut-être une raison ceci dit. Le besoin de nature apparait quand vous fournissez des efforts pour aller contre vous-mêmes. »
Quoi ?
« Alors ce dossier qui t’a touchée ce matin, sur ce couple ruiné par ta banque et qui a fini par se séparer ? »
Ruiné par ma banque, quel raccourci ! Ils ont eu les yeux plus gros que le ventre. Ils n’ont pas pu payer et n’ont pas réussi à vendre leur villa à l’amiable. C’est dommage, d’autant que le prix de la vente aux enchères n’a pas couvert la totalité des dettes. Il a fallu saisir leurs deux salaires ensuite. Et ils n’ont toujours pas fini de payer. Ils ont eu de la chance toutefois que nul n’ait songé à demander la saisie de leur autre maison, celle dans laquelle ils vivaient. Je sais qu’on y a songé mais les saisies-attributions ( sur salaire ) fonctionnaient.
C’est vrai que dans ce service on a les dossiers importants. On voit la vie des gens. Le mauvais côté de leur vie. J’ai vu dans ce dossier les lettres qu’ils nous ont adressé, suppliant qu’on leur laisse du temps, qu’on annule les frais, les intérêts…
Ce n’est pas aussi simple. Mon service c’est la dernière étape, quand le dossier arrive c’est pour trouver une solution judiciaire. A partir du moment où nous avons engagé des fais, nous devons les récupérer. C’est tout. Quand quelqu’un écrit après avoir été condamné, que voulez-vous que je fasse ? Le dossier est déjà en exécution chez l’huissier, c’est terminé. Les frais et les intérêts ne sont plus négociables.
Ils se sont réveillés trop tard. C’est dès la déchéance du terme ( de leurs contrats de prêt) qu’il aurait fallu courir à la Banque de France. Ils n’auraient pas eu de mal à faire valoir qu’ils étaient surendettés.
Jeudi une de mes collègues a reçu une cliente qui venait d’être informée de la procédure à son encontre. Elle avait reçu la visite de l’huissier. Elle voulait négocier. Encore. Par deux fois elle a été reçue par mon chef qui a toujours refusé ses propositions car elle se présentait sans argent. Pour la énième fois ma collègue lui a demandé de vendre son immeuble à l’amiable (un locataire malhonnête, drogué, violent a fait fuir tous les autres et ne payait pas son loyer), la dame affirme qu’elle préfère se battre pour sauver ce qu’elle a.
Sauf que, en garantie de son prêt immobilier, nous avons pris une hypothèque sur l’immeuble. Même son mari est conscient qu’il faut vendre (nous donnerions notre accord sans difficulté), elle s’accroche. Je conçois qu’elle perdra une source de revenus, le locataire indélicat a fini par être expulsé, elle cherche de nouveaux locataires. Mais en l’occurrence, elle pourrait perdre plus que son immeuble.
Je vois toutes sortes de cas. Comme cette personne qui a saisi la commission de surendettement, oubliant que ses parents s’étaient porté caution pour son prêt. Ce sont donc ses parents, qui n’ont pas les moyens de rembourser la dette aujourd’hui que le montant du prêt est devenu exigible en totalité, qui sont sur le point de perdre leur maison…
Ou encore cette femme qui paye les dettes de son ex-mari Ce cas-là est fréquent et les gens se sentent victimes d’une injustice. Sauf que sur les contrats, je vois écrit Monsieur ET Madame. Quand les gens divorcent ils ont tendance à oublier les engagements communs. Pas la banque.
Et cet homme qui s’affole et appelle tous les jours car la maison de sa mère, hypothéquée « par sa faute », va être vendue aux enchères. Il nous dit qu’elle a 80 ans, est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Je sais qu’il dit vrai mais la seule solution qui lui reste c’est de constituer une SCI avec ses frères et sœurs et voir s’ils peuvent racheter le bien. Il n’a pas les moyens de payer seul.
Je ne comprends pas Ammiriah, je suis une professionnelle, je sais que les contrats nous donnent raison. Je peine pourtant à rester totalement neutre devant toute cette misère qui s’expose à moi dans les dossiers. La majorité des clients ne sont pas de mauvaise foi, ils ont rencontré des problèmes.
Je préfèrerais qu’ils soient de mauvaise foi. Mes collègues ferment les yeux, se disent c’est la vie et surtout c’est le boulot. Ils regardent le montant des primes à venir et occultent le reste.
Peut-être que c’est parce que je viens de commencer. Non ?
« Qu’est-ce que tout ceci t’enseigne, au regard de ton propre parcours ? »
Qu’il ne faut se porter caution pour personne. Ni prêter de chèque à quiconque. Mais plus sérieusement, cela m’enseigne que nos choix ont parfois des conséquences qui nous dépassent totalement. Du moins qui dépassent notre champ de vision. Comment élargir son champ de vision ?
« Ce n’est pas la bonne question. Pourquoi étais-tu contente d’être recrutée à ce poste ? »
J’étais tellement mal là où j’étais avant.
« Comme quoi, tu n’as pas besoin d’un grand champ de vision. Tu avais besoin de partir tu es partie. Demain quand tu identifieras clairement tes nouveaux besoins, au-delà de tes émotions, une autre porte s’ouvrira.
Qu’est-ce qui te plait dans ce travail ? »
Le processus juridique est intéressant. Ce sont les gens qui me gênent, la façon dont ils sont touchés. Mais tout le processus juridique est intéressant.
« Alors peut-être que tu as quelque chose à apprendre aussi à ce poste. »
Peut-être bien oui, c’est aussi ce que je me dis.
« A raison. »
Merci à toi. Je crois que j’achèverai ma liste-prétexte un autre jour.
Bonne journée à tous
Carene
7 avril, 2014 à 17:18
Bonjour
vos commentaires me font penser à la fable du papillon et du cocon que la majorité connait surement :
« Un jour, apparut un petit trou dans un cocon ; un homme, qui passait à tout hasard, s’arrêta de longues heures à observer le papillon, qui s’efforçait de sortir par ce petit trou. Après un long moment, c’était comme si le papillon avait abandonné, et le trou demeurait toujours aussi petit. On dirait que le papillon avait fait tout ce qu’il pouvait, et qu’il ne pouvait plus rien faire d’autre.
Alors l’homme décida d’aider le papillon : il prit un canif et ouvrit le cocon. Le papillon sortit aussitôt. Mais son corps était maigre et engourdi ; ses ailes étaient peu développées et bougeaient à peine. L’homme continua à observer, pensant que, d’un moment à l’autre, les ailes du papillon s’ouvriraient et seraient capables de supporter le corps du papillon pour qu’il prenne son envol. Il n’en fut rien ! Le papillon passa le reste de
son existence à se traîner par terre avec son maigre corps et ses ailes rabougries. Jamais il ne put voler.
Ce que l’homme, avec son geste de gentillesse et son intention d’aider, ne comprenait pas, c’est que le passage par le trou étroit du cocon était l’effort nécessaire pour que le papillon puisse transmettre le liquide de son corps à ses ailes de manière à pouvoir voler. C’était le moule à travers lequel la vie le faisait passer pour grandir et se développer.
Parfois, l’effort est exactement ce dont nous avons besoin dans notre vie. Si l’on nous permettait de vivre notre vie sans rencontrer d’obstacles, nous serions limités. Nous ne pourrions pas être aussi forts que nous le sommes. Nous ne pourrions jamais voler. »
Je ne peux qu’aller dans le sens de cette fable, tant je bénis aujourd’hui les plus grosses épreuves de ma vie qui m’ont ramenée au plus près de moi-même et je garde cela en mémoire lorsque j’aide mon entourage… aider certes mais sans prendre en charge…
Bises
crystallia
6 avril, 2014 à 19:17
Bonjour,
Pas facile non mais c’est intéressant quand même.
Et puis c’est quoi un boulot facile ?
Saïda, j’ai compris que la meilleure façon d’aider certains à s’en sortir, c’est de les amener à prendre conscience de la gravité d’une situation. Parfois il faut accepter l’idée qu’on est arrivé au bout. Parce qu’il n’y a qu’à ce moment-là qu’on peut aller vers autre chose, de mieux.
Manu, il arrive que le dix sonne la fin du mois financièrement. Tout le monde ne rêve pas de vivre dans le luxe. Il arrive que le minimum ne suffise pas.
Je crois que c’est l’équilibre qu’il est difficile à trouver.
Laurence, puisse-t-elle t’apporter beaucoup de déblocage et de compréhension !
Bise
Laurence
6 avril, 2014 à 1:00
Bonsoir Sylvie et à tous !
Rien n’est jamais figé dans la vie, mais la vie est figée si on ne la vit pas.
J’aime ton idée de liste et je me suis laissé allée à la commencer…
J’attends beaucoup de moi sur cette liste anodine..;
Bises
Saïda
5 avril, 2014 à 15:55
Bonjour Sylvie,
C’est dur, dur comme boulot ! Je ne pourrais jamais travailler dans ce type de service, secteur ou tout autre banque ou société de crédits.
Je ne pense pas avoir la personnalité pour ça, trop empathique … et aussi parce que je sais ce que c’est que d’avoir des dettes (par procuration, une caractéristique générationnelle). Par contre, je me sentirais utile si je travaillais dans un service social, ou établissement intermédiaire, qui aiderait les gens endettés à s’en sortir, en leur fournissant entre autres des outils immédiats, des conseils de gestion et des solutions pour ne pas retomber dans l’engrenage du surendettement.
Courage Sylvie
manu
5 avril, 2014 à 14:14
bonjour Sylvie , cela peut paraitre cruel pour ces gents ,mais quant on est conscient que tout a un sens ou une raison d’etre , on peut ce demander et meme espérer que tous ce qu’il leur arrive de négatif sur un plan matériel leur serve a ce rapprocher de leur bien etre spirituel. Apres tous c’est eux qui on choisi le voie matérialiste pour penser ce sentir bien dans la vie . Moi personnellement je possède le strict minimum pour m’intégré socialement dans la vie , et je m’en porte pas plus mal , j’ai aussi des fin de mois difficile comme la plupart d’entre nous mais pas catastrophique comme ces gents . je viens meme d’adopter un beau labrador tout noir et je me sens l’homme le plus riche du monde juste pour ça .Bien souvent quant ont prend une leçon de vie comme ces gents sont en trin de prendre sa nous rapproche de notre besoin d’etre et non de paraitre . En fait je comprend mieux pourquoi toi qui est plutôt une personne qui est dans le « donner » exerce un travail qui et dans le « prendre » .Comme quoi ta mission divine peut passer par des chemin détourner , pour arriver a l’unique but de ramener les gents vers une vie un peut plus spirituel .