Sur le parking

Bonjour à tous,

« La voie du pardon, ma jeune Sylvie, est une voie de guérison autant que de repos. Elle est la voie qui permet de se libérer des poids et ainsi de s’offrir une nouvelle chance. Est-ce que tu le comprends ? », me demande Ariel.

Je le comprends.

« Nous aurions pu te dire franchement que rire du malheur d’une personne que tu as connu et qui t’a fait du mal était une réaction purement égotique. Nous aurions pu te faire remarquer que nulle élévation ne peut se produire dans de si basses vibrations.

Mais c’est ton cœur que nous souhaitions voir s’ouvrir à nouveau. Il est difficile de se sentir rejetée. Ou mal-aimée. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré te laisser venir seule à la compréhension que nulle rancune ne peut disparaître tant que les blessures n’ont pas été acceptées.

Il est naturel de vouloir fuir une situation de souffrance. De chercher de l’air pur au milieu de la pollution. Néanmoins, tout laisse des traces ainsi que nous l’avions déjà évoqué. 

Que la comptable soit une femme gentille ou méchante importe peu, ce qui importe c’est la façon dont tu es partie et que tu peines à accepter. Il y a une chose dont tu n’as jamais parlé. »

J’avais expliqué que l’on ne m’avait pas remis mes papiers, comme l’exige pourtant la loi, le jour de mon départ. Je les ai finalement reçus par la Poste. Sauf que la fiche de paie n’était pas la mienne. J’ai appelé la directrice, j’ai dit que j’étais prête à faire l’échange.

Elle est allée exposée la situation et est revenue me dire ensuite que sa fille estimait que je lui avais manqué de respect en appelant la veille pour savoir quand je pourrais venir chercher mes papiers. Elle ne voulait pas que je mette les pieds au bureau, elle voulait m’envoyer un mail. Certes, mais j’avais le bulletin de paie d’un tiers. Il fallait le récupérer.

La comptable et elle ont décidé que la directrice n’aurait qu’à me rencontrer sur le parking pour procéder à l’échange. Ma mère m’a dit qu’elle irait quand je lui ai raconté, je lui ai dit de se présenter et j’ai prévenu la directrice qui l’a reçue au bureau. Et non pas sur le parking.

J’avais appelé parce que j’avais besoin d’un document précis. Et je voyais qu’on ne me disait pas de venir le chercher. Elles ont fait exprès de ne pas me remettre mes papiers dans les temps. Heureusement qu’ils m’ont finalement payé tout le mois du coup. Mais ce n’était pas légal de procéder ainsi. Ni même normal, je partais, les choses auraient pu bien se passer.

J’avoue que j’aurais voulu pouvoir leur dire franchement ce que je pense d’elles. Vraiment. 

« Mais tu ne vas pas pouvoir. »

Je l’ai bien compris.

« Tout comme tu as compris que cela ne t’apporterait rien. Alors pourquoi ce besoin de te venger en quelque sorte, simplement parce qu’alors que tu t’es battue pour survivre puis ensuite pour partir, en ne te rendant pas tes papiers le jour J, on t’a privé de la joie de ta victoire. Or ce départ était bien une victoire. Mais c’est précisément parce que ces deux femmes le savaient qu’elles ont agi comme elles l’ont fait.

Une façon d’asseoir une dernière fois leur autorité sur toi et c’est ce que tu ne parviens pas à accepter. 

Le harcèlement moral est une épreuve difficile, nous l’avons dit, nous le répétons. Aujourd’hui que tu arrives à un nouveau poste tu dois te battre sur deux niveaux, pour apprendre le plus vite possible mais également retrouver le pleine confiance en toi et en tes capacités puisque tu étais clairement exploitée dans ton ancienne boîte et pour que tu « l’acceptes » on te disait que de toute façon tu ne méritais pas meilleur traitement.

Le harcèlement moral est une épreuve difficile dont il n’est pas possible de se remettre en cinq minutes. Pourtant, commence à réaliser trois choses :

- Concrètement personne ne t’a aidée à décrocher ce nouveau poste.

- Nul n’a pu t’empêcher de partir vers un ailleurs meilleur.

- Plus personne ne cherche à te faire du mal volontairement.

Tu sais tout cela, nous le savons.  Eh bien réalise aussi que ça y est, l’air est pur, vraiment pur. Tu peux respirer librement.

Un jour tu seras prête à rire de toute cette histoire, un jour pas si lointain. En attendant, prends soin de toi. »

Merci Ariel.

Bonne journée à tous