Bonjour à tous,
Il y a quelques années je vous ai parlé du jeune Haïtien que mon oncle et ma tante avaient accueilli chez eux. Il avait commis des attouchements sexuels sur la personne de la jeune petite-fille de mon oncle (fille de son fils, issu d’un premier mariage). Cela m’avait beaucoup touchée. D’autant que l’enfant avait été choquée, il l’avait terrorisée pour qu’elle ne dise rien.
Ma mère a croisé ce jeune homme il y a quelques jours, il est venu la saluer. Il a dit qu’il avait changé, il s’investit dans le sport, dans ses études. Elle me dit qu’il est évident qu’il a beaucoup mûri. Ma mère porte souvent un regard juste sur les gens. D’après la loi il peut rester ici jusqu’à ce qu’il ait obtenu son bac. Il est arrivé en Martinique pour se faire soigner après le tremblement de terre qui a tué sa mère et une de ses sœurs et dont il garde des séquelles. Il dit qu’il ne sait pas encore s’il souhaite continuer ses études. Si tel n’est pas le cas, il devra retourner en Haïti.
En ce qui me concerne, plus vite il repartira, mieux ce sera. Je ne veux pas le voir, je ne veux pas lui parler, je ne veux pas l’écouter.
« D’autres sont parvenus à lui pardonner, ma belle enfant. », me dit Lauviah.
Grand bien leur fasse.
« Comment va la petite fille aujourd’hui ? »
Beaucoup mieux heureusement. Cette histoire semble derrière elle.
« Pourquoi ne peux-tu pas pardonner ? »
Je n’en ai pas envie. Il l’a terrorisée exprès pour qu’elle ne dise rien et pouvoir continuer à s’en prendre à elle.
« Si jamais il vient vers toi dans la rue ? »
Je changerai de trottoir.
« Le pardon est une force qui libère. »
Jamais je n’avais été aussi déçue par une personne. En outre, je ne pensais pas voir ce genre de choses de si près un jour, je ne pensais vraiment pas. Pour moi la famille est une espèce de cocon. Il s’en est pris à l’une d’entre nous alors que nous l’avions accueilli dans ce cocon justement. A mes yeux c’est très grave.
Je le considérais comme mon cousin. Tu sais ce que cela signifie.
« Et s’il avait vraiment été l’un de tes cousins ? »
Cela ne serait jamais arrivé. Aucun d’entre eux ne ferait ça. Je n’ai pas de cousin pervers, voilà je l’ai dit.
« Tu as des cousins qui ont vandalisé la maison de ta grand-mère et un oncle qui a littéralement spolié ses frères et sœurs en s’appropriant la maison de vacances de tes grands-parents défunts. »
Tu oses m’opposer cela ! Quel rapport ?
« S’il était ton frère ? »
Mon frère ? Ce n’est même pas imaginable. J’ai un frère. Quelqu’un qui ne ferait jamais ce genre de choses.
« Alors tu n’admets rien, ma douce enfant ? Aucun retour possible ? Tu penses pouvoir être un passeur d’âme et ne pas te rendre compte que les gens peuvent réellement prendre conscience de ce qui leur fait du mal ? »
Ce n’est pas pareil…
« Si c’est pareil. Il a compris ce qui ne va pas. Certes, cela ne peut pas signifier qu’il n’y a aucune chance pour qu’il recommence jamais. Mais dans ton travail, tu vois les juges prononcer l’effacement des dettes de certaines personnes. C’est ce que vous appelez, la seconde chance.
Ne crois-tu pas que tout le monde y ait droit ? Chacun fait ce qu’il veut ou plutôt ce qu’il peut ensuite, de cette seconde chance. Ce n’est plus l’affaire du juge. »
Nous, on garde trace. Quand une de ces personnes revient pour demander un prêt, on se souvient qu’il y a eu effacement de la dette. On lui dit qu’avant d’envisager un nouveau crédit, il faudra nous payer d’abord.
« Est-ce légal ? »
Disons qu’on ne formalise pas par écrit…
« Tu es juriste, tu conseilles aux agences de respecter les ordonnances. »
Bien sûr.
« Elles le font parfois à reculons. Alors tu hausses le ton. »
On ne peut pas virer un client parce qu’il a bénéficié d’une seconde chance. Légalement on en n’a pas le droit. La loi les protège. J’entends les chargés de clientèle au téléphone, voire les directeurs. Je comprends aussi, la seconde chance est accordée au détriment des créanciers. Qui est ravi de s’asseoir sur plusieurs milliers d’euros ? Alors qu’il faille en plus garder le client s’il ne veut pas s’en aller, on a un peu l’impression d’une double peine. En plus la loi est de plus en plus favorable aux clients en matière de surendettement et l’effacement de dettes de plus en plus courant.
Mais il n’y a pas de mystère, la dette est là donc le mal est déjà fait. Il y aura forcément un perdant. Soit le client est ruiné, comme c’est le cas dans certains de nos dossiers. Soit il saisit la commission et c’est nous qui supportons des conditions de remboursement défavorables dans le meilleur des cas.
A moins de voir les choses sous un autre angle. J’ai traité un dossier où la Banque de France préconise un effacement de dettes de 9k €. Le gars est SDF, vit du RSA. Je n’ai pas insisté. Je n’ai pas l’intention de me battre sur ce dossier-là, le client n’a rien. En général pour 9k €, je proteste. Mais cette personne, acculée, a reçu les conseils d’une association d’aide aux sans abris. Je comprends qu’elle ait besoin d’une seconde chance. Je lui souhaite de pouvoir retrouver du travail, un toit, etc…
Mon chef a accepté mon avis en voyant le dossier. Mais si je te suis Lauviah, je devrais aussi effacer la dette du jeune Haïtien ?
« Il a envie d’aller de l’avant. Il a pris conscience de ses erreurs. Plusieurs personnes le pensent. Dont ton oncle qui a eu l’occasion de lui parler. »
Bon, j’espère qu’il prendra la bonne décision et qu’il poursuivra ses études à l’issue du bac. Sa sœur restée en Haïti a été obligée de chercher le premier boulot venu après le décès de leur mère. S’il veut un meilleur avenir, autant qu’il reste ici et qu’il fasse ce qu’il faut pour pouvoir repartir dans de bonnes conditions plus tard.
Bref.
« C’est mieux, ma douce Sylvie. Je t’aime. »
Je t’aime aussi.
Bonne journée à tous
Lilianah
31 juillet, 2014 à 16:33
Respecter ne veux pas spécialement dire aimer, mais plutôt ne pas juger et accepter ce qui est tel qui est.
C’est en étant capable de se mettre à la place de l’autre, que l’on sera en mesure de pardonner. Je te dis ça, car certaines personnes en qui j’ai eu totale confiance m’ont trahies et humiliées (que ce soit par jalousie, parce qu’elles avaient l’impression d’être rien à côté de moi, qu’elles m’ont agressées sexuellement, etc., etc.). Disont qu’il a fallut que j’essaye tant bien que mal pour me mettre à la place de ces dites personnes.
Ce n’est peut-être pas toujours facile se mettre à la place de l’autre pour comprendre, car il reste que juger autrui, c’est si facile. Mais vouloir réellement comprendre le pourquoi du comment, ou si on préfère, les faits et gestes, cela reste difficile. Surtout si on souhaite rester dans notre vérité et notre illusion… c’est-à-dire notre souffrance. Et ne pas vouloir admettre la possibilité que l’autre puisse peut-être évoluer, voire même changer, c’est aussi un signe de souffrance.
fairyangel
21 juillet, 2014 à 11:43
Tu sait, ce qui fait de nous des humains et des êtres imparfait sont impossibilité de pardonner dans notre cœur et notre âme. Dieu a dit : Aimer vous les uns les autres et si on te frappe sur la joue gauche pressente la joue droite.
L’amour est le pardon, un pardon difficile, mais ce n’est pas a toi de juger ni de condamner. D’autre sont la pour ca. Nous pour le salut de notre âme nous devons pardonner. La deuxième chance est accorder a celui qui le demandera. Et sans en faire ton grand ami, le fait de lui pardonner ses erreurs améliorera ta vie a toi. Détester quelqu’un est un sentiments lourd, rien ne t’empêche de lui dire se que tu pense de lui si tu le croise dans la rue par contre. Pardonner ne veut pas dire être naïf et hypocrite. Avoir pitier de son ame pour son pécher et beaucoup plus humiliant pour une personne que la haïr.
Moi j’imagine cet conversation,
- hé tu sait ce que tu as fait, je te pardonne. Parce que faire ce que tu as fait est un acte pervers et inhumain. Mais je te pardonne parce que jai pitier de ton etre malsain. Et jespere que un jour tu demandera pardon a la petite fille qui n’a rien fait pour tomber dans tes griffes. Tu dit avoir changer mais tu aura plus a prouver qu’une simple parole.
Bonne chance pour la suite, car tu aura surement a lui reparler
Et ecoute tes anges, il sont la pour te montrer la voix de la pureter
Namaste petite Sylvie
Braddy
20 juillet, 2014 à 22:00
Bonsoir,
Le pardon… Je ne l’avais jamais compris jusqu’à il y a 2 ans.
Quelqu’une m’a fait du mal, la dernière chose que je croyais possible, après lui avoir accordée une confiance aveugle et pleine d’un amour inconditionnel. Ca a brisé la jolie armure que j’avais passé tant d’années à polir, ça a détruit tous les idéaux que je pensais toucher du doigt dans leur réalisation concrète, ça a réduit mon ego à peu de choses, tellement tout l’édifice de ma personnalité pleine de certitudes s’est effondré, soufflé comme un petit château de carte pris dans un ouragan type Katrina.
Très étrangement, très vite, j’ai ressenti le besoin de lui pardonner. Un vrai pardon, sans attentes, sans conditions. Une expérience que je n’avais jamais véritablement comprise jusque là. Et instantanément, je me suis senti libéré, apaisé. J’ai eu la certitude que c’était la bonne voie, sans trop savoir pourquoi.
Aujourd’hui, avec le bagage spirituel acquis ces derniers mois, je pense que j’ai alors eu l’intuition qu’elle a plus investi dans du mauvais karma que moi. Et qu’en pardonnant, j’ai plutôt fait l’inverse. De plus, tout ce monde, que nous partageons ici grâce à Sylvie, s’est ouvert à moi, et je peux dire que cet état de pardon véritable y a fortement contribué. Une sorte de lâcher prise en somme.
Et ceci rejoint mes propos précédents sur la notion de bien et de mal. En pardonnant, il me semble qu’on s’élève à la compréhension que bien et mal n’existent pas à l’échelle universelle, et que tout est apprentissage et évolution d’âme.
PS: Qu’est-ce que j’ai besoin d’écrire en ce moment ! Je m’étonne moi-même. ^^
lapriereducompositeur
20 juillet, 2014 à 18:44
Roh la chance… Tes guides te disent qu’ils t’aiment…
*jalouse*
Et sinon le pardon… Ouais… Je suis en train de pardonner aux gens à qui je croyais que je ne pardonnerais jamais.
Je ne sais pas si ça fait de moi quelqu’un de bien, ou simplement de faible.
Des bisous