Bonjour à tous,
« Bonsoir Sylvie. »
Bonsoir Astaroth.
« Alors, tu veux savoir quelque chose ? »
Oui, peux-tu m’expliquer la notion de pouvoir ?
« Je pourrais, pourquoi le ferais-je ? En as-tu besoin ? »
Je voudrais comprendre certaines choses.
« Telles que ? »
Ce matin je discutais avec mes collègues. En l’occurrence ils me parlaient de la difficulté à se faire entendre parfois dans le couple, en prenant pour exemple les tâches ménagères. Une collègue est mariée depuis plus de vingt ans et se désole de voir que son mari refuse de faire la cuisine encore aujourd’hui. Si elle ne lui prépare pas à manger alors qu’elle n’a pas faim elle-même, la situation dégénère. Un autre explique que sa femme devient maniaque dès lors qu’elle est en vacances. Et qu’évidemment il est tenu d’écouter quand elle dit qu’il est urgent de faire ceci ou cela.
A les écouter, on a l’impression qu’ils acceptent certaines choses davantage pour avoir la paix que parce qu’ils en ont envie. Je sais que beaucoup de gens aiment bien se plaindre la bouche pleine. Ces deux collègues sont mariés, chacun de leur côté, depuis des années et n’ont pas l’air d’envisager une évolution négative de la situation. Mais de temps en temps ils parlent de ce qu’ils aimeraient bien voir évoluer par contre, sur un ton résigné. C’est ce que je ne comprends pas. Le ton résigné.
« Eux ne comprennent pas que tu ne fasses pas le ménage. »
Je n’aurais jamais dû leur dire.
« Quand tu rentres le midi, ta maman t’accueille avec le sourire, l’assiette est sur la table et le repas est prêt. N’est-ce pas ? »
Oui.
« Est-ce que c’est de cette façon qu’elle accueille ton père ? »
Pas souvent je dirais…
« Pourquoi est-ce qu’elle t’accueille comme ça ? »
Parce que je suis son enfant. Ma mère a toujours aimé s’occuper de nous. Quand j’étais au lycée et que je mangeais au fast-food tous les midis, elle préparait toujours à manger pour les cas où je déciderai de rentrer à la maison. Si bien qu’à un moment, alors que j’avais dix minutes pour manger quand je rentrais, je rentrais quand même.
« Elle aurait pu t’imposer la cantine. »
Elle ne m’imposait même pas l’EPS.
« Tu apprécies quand ton père te dit qu’il a nettoyé ta chambre ? »
Oui car cela m’évite de le faire.
« Tout le monde se précipite toujours pour te dire que cette vie de princesse sera terminée le jour où tu vivras avec un homme. Personne ne fera pour toi ce que font papa et maman. »
Je sais bien.
« Tu te souviens de la dernière fois que tu as nettoyé les WC ? »
Non…
« As-tu déjà nettoyé les WC ? »
En fait je ne crois pas.
« Parce qu’il y a toujours eu quelqu’un d’autre pour le faire à ta place. C’est drôle non, il y a toujours eu quelqu’un à côté de toi, qui puisse faire ce que toi tu n’aimes pas. »
C’est vrai, je le reconnais.
« En fait, il y a toujours quelqu’un qui veille sur toi. »
Je m’en suis rendue compte oui.
« On a souvent reproché à ta mère de t’avoir beaucoup trop gâtée. »
Oui.
« Résultat il faut que tu trouves un homme qui te gâtera autant maintenant. »
Mdr !!!!! Tout le monde m’a déjà bien expliqué que cela n’arrivera pas. Alors j’ai bien compris ne t’inquiète pas.
« Tout le monde t’a expliqué. Mais cette collègue féminine dont tu parles, elle apporte bien ses repas à son mari sur un plateau ? »
Oui, mais elle dit qu’elle a honte quand il en parle.
« Et cet autre collègue, qui évoque sur le ton de la plaisanterie le fait qu’il n’a pas hâte de suivre le programme concocté par sa femme pour les vacances. Il l’évoque souvent et en a parlé à tout le monde au travail non ? »
Si.
« Il veut aller à Londres, elle n’a pas encore dit oui. Et ce serait après le reste du programme. »
Oui.
« Alors pourquoi ne pourrais-tu pas continuer à être gâtée par quelqu’un d’autre ? »
Je crois qu’on s’éloigne du sujet.
« Vraiment ? »
Mais oui !
« Le pouvoir, est-ce une chose qui t’intéresse ? »
De manière passive seulement, je ne cherche pas souvent à imposer par contre je déteste que l’on s’impose à moi.
« L’idéal serait que tu trouves un homme qui s’occupera de toi. Même si tu es persuadée que ce dont tu as besoin est l’exact contraire.
Tu veux savoir ce qu’est le pouvoir ? Un instrument entre des mains sages. Une arme entre des mains d’enfants inconscients.
Apprends à reconnaître ce dont tu as toi-même besoin, tu n’auras pas à te battre pour l’obtenir. Reconnais que tu aimes que l’on s’occupe de toi. »
Pas du tout !
« Il n’y a pas de mal. Les conjoints de tes collègues ont l’air d’apprécier. Il y a des gens qui aiment prendre soin des autres. Laisse un homme prendre soin de toi. Et veiller à ce que tu sois bien. Qui sait, peut-être que c’est possible ? »
Tu me fais rire…
« Tu as besoin de rêver un peu plus, petite fille. Pourtant, qui sait, tu peux tomber sur un homme qui aime faire la cuisine et qui t’offrira une femme de ménage par exemple. Et des sacs. »
Lol !!!!!!!
« Voilà, comme ça tu continueras à être une enfant gâtée, candide, qui vit sur son nuage rose et ce sera parfait. Attends le prince charmant. Ne fais pas comme ces femmes qui préfèrent attendre la venue de prince grognon. Parce que vous attirez ce que vous espérez. »
Gâtée, candide et qui vit sur son nuage rose ?
« Laisse les gens parler, suis mon conseil puisque tu m’as appelé. Attends le prince charmant. Laisse les princes grognons aux autres. Le pouvoir, c’est avant tout l’affaire de ceux qui savent ce qui est bon pour eux. Les autres ne sont que des despotes, c’est de cela dont parlaient tes collègues. De despotisme ordinaire et non pas de pouvoir.
Vous savez tous ce qu’est le despotisme ordinaire. Dis toi que tu trouveras un homme qui te gâtera comme tes parents t’ont gâtée. Et c’est tout. Plus tard tu comprendras pourquoi je te dis cela. Passe un beau weekend, n’oublie pas la crème solaire. »
Merci à toi.
Bonne journée à tous
bluebird
30 juillet, 2014 à 12:17
….
Merci Sylvia.
c’est en plein dans le mille. Je tourne autour en auto-destruction depuis 10 jours. Je n’avais pas vu que c’était la colère au fond.
Les barrages intérieurs sont à la mesure de l’océan de colère qui a besoin de sortir. C’est tellement énorme que je ne le voyais pas.
Je vais chercher un espace pour le faire en sécurité.
Merci de ce message salutaire qui m’a obligé à ouvrir les yeux.
Bises
Lara
crystallia
29 juillet, 2014 à 11:52
Bonjour,
Lara, il y a plusieurs manières de laisser parler sa colère. L’important est de ne pas chercher à la nier.
Bise