Bonjour à tous,
Imaginez que vous soyez face à une vaste étendue d’eau. Souffle une petite brise rafraîchissante qui vous fait du bien, c’est le milieu du printemps et vous êtes bien.
Imaginez également que vous êtes en Provence. Je me souviens des printemps parisiens. Ce ne sont pas ceux de notre exemple.
Pour vous donner une idée à Marseille, dès la mi-avril il peut faire chaud.
Donc vous êtes en Provence, vous promenant le long de la plage à Sanary-sur-Mer, vos yeux se perdant à l’occasion dans l’azur de la méditerranée.
Midi approche, vous avez faim, vous décidez d’aller vous attabler à la terrasse d’un des restaurants qui font face au bord de mer et vous commandez votre salade de chèvre chaud.
Soudain, le temps change brutalement. Il se met d’abord à pleuvoir, doucement puis violemment, tombe ensuite, chose incroyable en Provence, de la grêle et soudain plus incroyable encore pour le coin en cette saison, il neige.
Bien entendu pensant être au printemps, vous n’avez absolument rien prévu pour faire face à ce froid soudain. Le mistral se lève. Il souffle comme au plus fort de l’hiver et vous maudissez à présent la météo, le gouvernement, votre famille, tous ceux qui à l’heure actuelle ne peuvent rien pour vous.
Rentrer chez vous, voilà ce qui vous obsède tandis que vous vous battez contre les éléments déchainés. Mais surprise, autour de vous tout le paysage a changé. Autour de vous il n’y a plus que des congères, plus aucun bâtiment n’est visible, plus une route. Par où passer, pour aller où, vous ne reconnaissez plus rien.
Vous tentez tout de même d’aller vers ce que vous pensez être la bonne direction. Toutefois vous marchez, marchez, marchez encore, rien de familier ne s’offre plus à vos yeux. Vous commencez à douter, vous n’avez tout de même pas pu quitter Sanary ? Peut-être avez-vous simplement tourné en rond ?
Hélas, rapidement vous vous rendez compte que vous avez bel et bien avancé seulement, loin de trouver une terre accueillante, à l’abri du vent, de la neige et du froid, vous vous êtes enfoncé dans la tempête.
Et lorsqu’elle cesse enfin, devant vous, plus d’étendue bleu azur, c’est le désert, immense et vide qui s’offre à votre vue.
Vous tentez de vous retourner, il n’y a rien derrière non plus et malgré l’arrêt de la neige, le vent continue de souffler.
Vous portez toujours vos pauvres vêtements légers, vos chaussures inadaptées mais une chose est claire dans votre tête, vous ne pouvez pas rester là, il faut avancer et ne sachant où vous rendre, vous vous contenter d’aller tout droit. Résigné que vous êtes désormais, ayant compris que le changement brutal risquait de durer un moment, vous ne paniquez pas lorsque la nuit tombe doucement sur vous.
Ce n’est que des jours et des jours plus tard que vous vous rendez compte que le soleil ne semble plus se lever.
Il fait froid, vous êtes seul, vous avez faim et la nuit permanente a fait disparaître vos repères temporels. Vous êtes plus malheureux que vous ne l’avez jamais été mais vous ne vous l’avouez pas encore.
A ce stade vous continuez à croire que vous allez vous en sortir sous peu. Mais vous marchez, marchez, marchez, rien n’apparaît, rien ne vient si ce n’est des mirages ici et là.
Le désert devient plus dur, il fait de plus en plus froid, apparaissent des aurores boréales. Vous levez les yeux au ciel. Il existe encore des choses aussi belles ? Vous vous étonnez et soudain il fait légèrement moins froid. Vous souriez et continuez d’avancer.
Elles disparaissent, des étoiles les remplacent, vous levez à nouveau les yeux au ciel. C’est joli de les voir briller ainsi, vous vous arrêtez un instant. C’est alors que la fatigue accumulée depuis le début de la tempête se rappelle à vous. Vous tombez à terre et vous mettez à pleurer.
Vous pleurez parce que vous êtes perdus, parce que vous avez faim, froid, peur et que vous êtes seuls avec tout cela en plus d’être seul avec vous-mêmes.
Vous pleurez parce que devant vous il n’y a rien, derrière vous il n’y a rien et plus aucun espoir ne vous semble plus permis.
Vous pleurez parce que vous êtes brisé. Vous regarder à nouveau le ciel, les étoiles disparaissent, il s’assombrit à nouveau, le désespoir, le vrai désespoir vous envahit et soudain devant vous une lune ronde et brillante est bientôt rejointe par des milliers de petites étoiles plus brillantes que les premières.
Vous vous relevez et malgré les larmes qui continuent d’inonder votre visage, vous reprenez votre route. Plus lentement, plus difficilement. Il se met à pleuvoir. Sous vos pieds de la boue, qui rend plus difficile encore chaque pas. Le ciel au-dessus de votre tête reste sombre mais la lune est toujours là.
Vous réalisez que malgré la faim, le froid, la soif, la solitude et la peur, vous parvenez toujours, même dans la douleur à présent, à avancer. Apparait enfin une oasis. Mais vous ne pouvez vous y attarder. Vous avez à peine le temps d’y trouver de quoi vous reposez, juste de quoi vous reposer, mais rien à boire, rien à manger.
Vous repartez, plus triste et toujours apeuré. Qu’est-ce qui vous attend désormais, comment en êtes-vous arrivé là, pourquoi êtes vous si seul, qu’avez-vous bien pu faire pour mériter cela ?
Vous relevez une nouvelle fois la tête vers les étoiles. La nuit va durer, tout comme votre traversée. Car vous voulez à présent croire qu’il s’agit d’une traversée et qu’il existe une issue quelque part. Et d’autres oasis avant cela.
Vos jambes vous portent maintenant difficilement, vous êtes affaiblis, n’avez rien de concret pour vous guider, pas de panneau indicateur, aucun indice nulle part. Vous êtes là et c’est tout.
Vous êtes là et c’est tout.
Vous continuez, parce que vous ne savez pas quoi faire d’autre et surtout, parce que vous ne pouvez rien faire d’autre.
Le ciel devient bizarre, le désert lui-même change. Apparaissent des montagnes au loin, une mer sans fin aux eaux peu engageantes, des prairies desséchés. Le ciel est par moment plus ou moins sombre, la nuit persiste tout de même. Le froid aussi.
Les phases de découragement succèdent à de courts sursauts. La colère devient familière, la rage même. Pourquoi moi ? Pourquoi m’infliger cela ?
Une nouvelle oasis, cette fois il y a de l’eau et de quoi se reposer. Le bonheur absolu, vous remerciez le ciel et savourer cette eau comme vous n’avez jamais rien savourer dans votre vie. Vous vous endormez, le lendemain, l’oasis a disparu, reste la nuit, le désert, la faim et la soif à nouveau.
Le froid vous serre le cœur plus encore qu’il ne brûle votre chair. Vous en venez à demander que quelqu’un, n’importe qui, apparaisse.
Et Il/Elle apparait. D’une manière ou d’une autre.
Vous avez deux choix alors, vous pouvez refuser la forme que prend l’aide qui vous est accordé ou l’accepter. Accepter signifie accepter l’épreuve de la nuit et du désert. Refuser signifie subir chaque seconde de la traversée.
Dans les deux cas, vous y passerez le temps que vous devez.
Sanary est déjà loin derrière vous et il n’y aura plus de salade de chèvre chaud avant très, très, longtemps. Il vous le dit et au moment où vous y êtes prêt, vous acceptez son aide.
Le désert reste le désert. Et la nuit solitaire et glaciale ne disparait pas.
Néanmoins, le manteau posé sur vos épaules vous permet de continuer d’avancer.
Bonne journée à tous
crystallia
12 mars, 2015 à 23:44
Bonsoir,
Tu vas passer à côté une fois, deux fois. Trente-six fois.
Elle se représentera jusqu’au jour où tu pourras la reconnaître et l’accepter.
Bise
Jenny
12 mars, 2015 à 10:32
Coucou
Bon, je ne sais pas ce que je déteste le plus : la salade de chèvre chaud ou le froid … Blague à part, est-ce difficile de reconnaître l’aide quand elle se présente ? Après tout, la forme peut-être tellement inattendue qu’on peut passer à côté ? Non ?
Biz
Witchlight Dreams
11 mars, 2015 à 19:24
Bonsoir,
Et bien merci Sylvie, merci de le faire et « d’être fidèle au poste » lol.
Bise,
Cel
crystallia
11 mars, 2015 à 1:19
Bonjour,
Un jour, je ne sais plus à la faveur de quoi, j’ai su que je tenais ce blog pour redonner de l’espoir et montrer concrètement qu’il était possible de survivre à la nuit de l’âme. Mieux, qu’il ne s’agissait que d’un passage, bien qu’important.
Je ne m’étais pas attardée là-dessus, je n’en avais pas besoin on va dire.
Comme vous tous devant les difficultés, je n’ai qu’une hâte, pouvoir passer à autre chose.
Mais parfois autre chose, c’est le froid du désert.
Heureusement le désert, ce n’est pas la Terre entière.
Bonne journée.
Carène
9 mars, 2015 à 12:49
Bonjour
Quels sont les signes qui montrent que le jour s’est levé ?
Je pensais pour ma part qu’il s’était levé mais au final j’ai comme un doute au vu de ce que je ressens en ce moment…
Je me suis affranchie de mes anciens repères mais à défaut de nouveaux je me sens démunie. La vie m’appelle à vivre au présent. A certains moments, je sais parfaitement accueillir avec joie le moment présent puis à d’autres il y a ce vide. Je me sens coupée de l’énergie d’amour et de joie et cela induit un vide de sens. Et quand les angoisses s’en mêlent c’est pas jojo. Si toi et tes guides avez un petit exercice adapté à mon cas, je suis preneuse. Il y a une boule au niveau de plexus. Je sens que ça bloque. Mais qu’est ce qui bloque ? Je n’en sais fichtre rien !! Heeeelp !!!
Bises