Bonjour à tous,
J’étais chez ma tante, assistante maternelle. Elle gardait notamment la petite Sarah. Lorsque le papa de l’enfant est arrivée, celle-ci a couru se cacher.
Ensuite, elle n’a fait que l’ignorer superbement jusqu’à ce qu’il décide d’aller la chercher et de la soulever d’office.
La maman de Sarah est infirmière. Ma tante m’a expliqué que lorsqu’elle ne travaille pas, elle garde la fillette avec elle. Ce que ne fait jamais son compagnon.
Ma tante le voit comme un play-boy, déjà père de grands enfants, qui avait simplement envie de se mettre avec une femme plus jeune.
Ma tante a un regard acéré mais juste, sur la plupart de ces clients. La petite Sarah apparemment n’est jamais pressée de rentrer chez elle. Elle est espiègle et aventureuse. Si elle pouvait rester là où elle peut jouer éternellement, elle le ferait.
Ma tante me disait qu’elle avait marché très tôt. Et poussé par l’exemple d’autres enfants à vouloir faire de même.
Dans un an et demi elle sera déjà en âge d’aller à l’école. Pourtant, elle est tellement grande qu’on croirait qu’elle a déjà presque trois ans.
Rien à voir avec David, l’autre enfant qui était présent ce jour-là. Nettement moins dégourdi que Sarah, bien qu’ayant le même âge il semble avoir six mois de moins.
Ma tante me disait que l’on observait souvent de tels clivages entre les garçons et les filles de ces âges. Elle me disait que les filles étaient souvent plus éveillées.
En outre la mère de David, qui l’a eu tard et dont il est le seul enfant, avait tendance à le traiter comme un bébé de trois mois malgré le temps qui passe.
Quand elle arrive le soir, il ne se cache pas. Il tend les deux bras en l’air et attend qu’elle le prenne.
Ma tante m’a dit qu’il a fallu attendre pour qu’il fasse ses premiers pas. Et alors que Sarah commençait à parler, il ne disait toujours pas un mot.
Du coup ma tante en était à pousser Sarah à aller sur le pot tandis qu’elle encourageait encore David à se comporter davantage en petit garçon qu’en bébé.
Elle m’a expliqué que les parents attendent d’elle qu’elle apprenne la propreté aux enfants. Il faut que les couches aient disparues avant l’entrée en maternelle, sinon on n’accepte pas les enfants.
Et la maternelle, c’est moins cher que la crèche ou la nourrice.
Ça me fait penser à la réponse apportée à une autre de mes tantes par un jeune collègue à qui celle-ci demandait quand est-ce qu’il comptait faire un enfant. Il avait répondu, je n’en ai pas les moyens.
A cet âge les enfants n’entendent pas ce type de considération. Ils ne savent même pas ce qu’est l’argent et de toute manière cela ne risque pas de les intéresser.
Quand mon neveu est entré en crèche il a pleuré toute la journée. Il était entouré de personnes nouvelles, dans un environnement nouveau, il ne voulait pas rester. Il a dû pourtant.
Aujourd’hui il arrive à rester seul allongé s’il y a du monde non loin. On n’a plus besoin de le porter tout le temps.
Néanmoins il continue de réagir violemment à ce dont il ne veut pas. Du coup je continue de l’appeler Ouin-Ouin.
Nos besoins évoluent avec notre perception du monde qui nous entoure et cela peut causer un décalage avec ceux qui nous entourent. Chacun voit ses propres priorités.
Le père de Sarah arrive toujours trop tôt, elle n’a jamais le temps de se lasser de jouer. La mère de David a enfin eu son bébé et celui-ci est bien contente de se laisser dorloter, pourquoi faudrait-il qu’il grandisse déjà ?
Le collègue de ma tante estime avoir encore trop de besoins inassouvis pour perdre le peu qu’il a à compter chaque centime à cause d’un enfant.
Mon neveu serait bien resté avec ma sœur à la maison mais elle, elle était bien contente de reprendre le travail après deux mois passés à répondre à des sollicitations et des cris. Même si elle adore son fils.
La réalité de l’un n’est pas celle de l’autre et cela est normal. Personne ne s’attend à ce qu’une Sarah comprenne que son père est pressé le soir. Elle est trop petite.
Pourtant nous attendons souvent des autres qu’ils comprennent voire devinent nos points de vue car ils nous semblent évidents, à nous.
Or, dans le monde de l’autre ce sont d’autres éléments qui ressortent.
Comment éviter de parler en permanence deux langues différentes ? Simplement en acceptant le fait que c’est finalement une chance de pouvoir être invité à chaque rencontre dans un monde différent.
Bonne journée à tous
crystallia
11 mars, 2015 à 1:13
Bonsoir,
Merci à vous.
Bise
Cécile
10 mars, 2015 à 9:19
Bonjour,
« c’est finalement une chance de pouvoir être invité à chaque rencontre dans un monde différent. »
Oui c’est une chance (dont nous avons rarement conscience).
Belle journée !
Amandine
9 mars, 2015 à 21:49
Bonsoir ,
Merci, pour ce joli rappel
Tâm
9 mars, 2015 à 1:31
Salut Sylvie,
J’adore cet article. C’est tout à fait ce que je ressens maintenant. Je ne comprenais pas qu’on ne comprenne pas ce dont j’avais besoin, j’ai longtemps crié pour qu’on les entende. Ce que tu décris, c’est exactement ce que je ressens maintenant que j’essaie d’entrer en communication avec les autres: il faut apprendre leur langue, découvrir leur monde et échanger. ça apaise de comprendre ça et de ne plus se cogner contre un mur.
Merci pour l’article
Tâm.