Bonjour à tous,
« Pourquoi viens-tu à moi ? », me demande Sammael.
J’avais appelé Elédahiel. Mais je suis contente que tu sois là. Je croyais que c’était la bonne semaine du mois de juin. Mais hier on est allé au restaurant et depuis ça ne va pas. J’ai mal au ventre.
J’ai fait attention à ce que je commandais, j’ai même renvoyé un plat. Je me suis sentie mal avant la fin du repas et cela ne passe pas.
« Cette collègue qui part à la retraite, c’était celle que tu préférais, non ? »
Oui. Je lui répète chaque jour qu’elle est une horrible personne. Elle rigole. Elle ne fait que parler de sa propre joie.
« En réalité tu comprends son sentiment. »
Oui évidemment. C’est normal qu’elle soit en joie. Elle voulait partir et ne le fait pas dans les meilleures conditions puisqu’en fait elle n’a pas l’âge de la retraite et a dû accepter des concessions.
J’ai entendu le ras-le-bol et l’amertume dont elle a fait part. Encore cette semaine elle répétait que cela fait onze ans que son salaire n’a pas bougé, à l’inverse de sa masse de travail.
Je ne lui en veux pas de partir. Je suis un peu triste parce que je l’aimais bien.
« Et ce déjeuner hier, c’était pour lui dire au revoir ? »
Oui voilà. Même si elle est une horrible personne, ainsi que nous sommes plusieurs à le lui répéter depuis que nous savons qu’elle part, nous ne pouvions pas la laisser partir comme ça. Je suis contente qu’on ait fait ce repas et qu’elle ait été touchée par l’enveloppe qu’on lui a remise. L’idée étant qu’elle achète son propre cadeau. Puisque personne ne savait ce qui lui ferait le plus plaisir, y compris son fils à qui nous avions pourtant demandé son avis.
Tous les services ont tenus à participer. Mais je lui ai déjà dit et d’autres lui ont déjà dit qu’elle n’allait pas partir sans verser une larme. Les collègues n’en ont pas fini avec elle. Certains appellent depuis leurs agences, d’autres ont fait le déplacement pour la saluer une dernière fois. Comme je disais, une horrible personne.
En plus tu as vu, pendant le déjeuner d’hier elle a dit tout haut qu’elle avait imprimé un petit message que je lui ai envoyé parce qu’il l’avait touchée !
Je me rends compte que je fais preuve de sensiblerie mais je m’y attendais tellement peu. Sur le moment, elle avait juste paru amusée.
« Alors que tu sais que c’est une femme très sensible et si elle a gardé ce message c’est parce qu’il l’a sincèrement touchée.
Ce n’est pas une horrible personne, c’est une collègue très appréciée, aimable avec chacun, dont le départ vous chagrine tous beaucoup. »
C’est vrai, il faut bien l’admettre. Surtout qu’elle aurait dû partir à la retraite dans deux ans seulement. Ca tire moins dans mon ventre…
« N’est-ce pas ? »
Je n’arrivais pas à écrire sur le carnet.
« Respire, Sylvie. Elle s’en va et c’est dommage, vous passiez beaucoup de temps à échanger des petites blagues tout au long de la journée. Mais il y a et aura toujours d’autres rayons de soleil dans ta vie.
Et ton oncle, il va mieux ? »
Il est déjà redevenu lui-même ! Et finalement c’est tant mieux.
Merci Sammael.
Bonne journée à tous