Bonjour à tous,
J’ai envie de dessiner, Elédahiel.
« Dessine. »
Oui mais, dès que je prends un crayon je vois un truc super moche apparaitre sur le papier.
« Tu voudrais dessiner comme ton frère. »
C’est ça.
« Tu n’es pas ton frère. »
Je sais bien.
« Tu peux juste suivre ton envie, pour le plaisir. Cela ne te coûtera rien. Dessine parce que tu en as envie. »
Cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas eu envie de dessiner vraiment. Je vais acheter des crayons de couleurs !
« Ce n’est pas nécessaire. »
Mais si, j’adore les belles boites de crayons de couleurs et je n’en ai plus.
« Ce que tu aimes ce sont les couleurs qui forment comme un bel arc-en-ciel. Tu peux utiliser les feutres que ton frère t’avait offert. Aligne-les. Tu auras ton arc-en-ciel.
Et prends un simple crayon pour dessiner. »
Tu me gâches mon plaisir.
« Tu mettras cet argent dans un vêtement. »
Ok.
« Donc tu aimes dessiner des cartes ? »
J’ai un peu de mal avec la précision. Beaucoup en fait.
« Il suffit de t’entrainer. Comme quand tu étais enfant et que vous aviez dû dessiner la carte du Luxembourg, tu t’en souviens ? Tu avais finalement réussi. »
Je me demande pourquoi on ne nous avait pas demandé de dessiner la France…
Mais je me souviens oui. Je me demande si le Luxembourg serait joli avec des crayons de couleurs.
« Tu as des feutres. »
Je veux des crayons de couleurs.
« Pourquoi es-tu énervée ? »
Je ne le suis pas.
« Si. »
Pourquoi mon beau-frère ne veut-il jamais garder le petit quand ma sœur n’est pas là ?
« Pour dessiner une carte avec précision, il faut prendre son temps. Tu peux utiliser du papier calque également seulement si tu n’en utilises pas, tu t’obligeras à faire plus d’efforts et au final tu seras bien plus satisfaite que si tu choisis l’apparente facilité.
En outre plus tu t’entraineras plus il deviendra aisé pour toi de te libérer de l’aspect purement géographique pour aller vers des réalisations plus artistiques. Telles celles que tu as en tête.
Ce n’est pas parce que tu n’es pas en mesure de les réaliser aujourd’hui que cela ne sera pas le cas demain. Demain tout est possible, souviens-t’en. Il suffit de vouloir. Tu as l’imagination et l’inspiration qu’il faut.
Tu sais combien il peut être difficile de s’extraire d’un milieu social donné. Il faut un ou plusieurs talents particuliers pour y parvenir. Une forte capacité de résilience peut être ce talent particulier. Une évidente facilité sur le plan artistique également.
Ton frère, ta sœur et toi êtes bien lotis.
Des trois tu étais la plus douée pour les études. Ton frère venant juste derrière. A la différence de toi il était moins fainéant. Il a toutefois dû surmonter ses propres difficultés à l’adolescence.
Son charisme et ses capacités d’orateur lui ont sauvé la mise d’une manière décisive à la fin de sa seconde. Ils les avaient découvertes dans l’année.
Ces mêmes dons du ciel lui ont permis de retourner une situation particulièrement compliquée durant son stage long à la fin de ses études.
Depuis il a pris conscience de la chance qu’il a de savoir s’exprimer avec une telle aisance en public. Il sait captiver un auditoire. Il a pu compter sur une telle qualité pour imposer le respect à ses jeunes élèves. Et à ses collègues.
Toutefois il sent qu’il ne s’épanouit pas pleinement dans son métier. Il cherche, se demande de quel côté creuser, sent que la créativité l’appelle…
En même temps, il sait ce qu’il peut apporter en tant qu’enseignant et trouve de la gratification dans le fait de donner des cours privés d’arts martiaux à de jeunes élèves en manque de confiance en soi.
Il obtient d’ailleurs de très bons résultats à ce niveau, les parents se passent son nom.
Lui-même autrefois un adolescent peu sûr de lui, le tae kwon do et les encouragements de ta mère l’avaient grandement aidé.
Devenu ceinture noire, il songe à sa prochaine dan et n’envisage pas d’arrêter.
Un homme aussi coquet que ses deux sœurs, qui aime autant la mode que son aînée, mais qui lui, ne sait pas encore de quelle manière faire face à ses propres questionnements existentiels.
Mère très protectrice d’un petit garçon paraissant déjà avoir trois ans alors qu’il n’en a pas deux, amoureuse d’un gentil garçon semblant tombé du ciel après tous les crapauds qu’elle avait connu, ta sœur avance dans la vie sans l’assurance dont elle est pourtant capable de faire montre.
Ayant maintes fois prouvé sa force et sa détermination, elle a pourtant besoin d’être encouragée. Sauf quand elle est piquée au vif. Rien ne l’arrête plus.
Intelligente, douce et gentille quand elle aime, elle se révèle impitoyable lorsqu’elle tourne le dos. Ayant longtemps manqué de confiance en elle, elle a appris et connait ses points forts et ses points faibles.
Une femme lucide, qui ne se trompe pas souvent sur les gens et la vie, elle est capable de gérer n’importe quoi.
Elle souhaite changer de vie elle aussi. En même temps elle a peur de ne pas en avoir les moyens. Son fiancé l’encourage. Il sait ce dont elle est capable.
De vous trois elle était de loin la plus courageuse dans les études et la plus acharnée.
Enfant ayant montrée des signes de précocité, elle n’a pas pu bénéficier du suivi dont elle aurait eu besoin pour ne pas s’ennuyer mortellement dans les petites classes.
En outre, contrairement à ton frère et toi, bien qu’ayant fréquentée le même établissement, elle n’est pas souvent tombée sur de gentils instituteurs compréhensifs. »
Maman était consciente de cela, elle a voulu la changer d’école. Ma sœur aurait été mieux dans une de ces écoles où on laisse les enfants s’épanouir en favorisant un apprentissage plus intuitif.
Seulement quand j’étais enfant mes parents étaient divorcés (je ne souhaite pas m’étendre sur mes parents, merci de ne pas poser de questions), ma mère ne conduisait pas et son travail était situé bien trop loin de cet établissement.
En plus c’est vrai qu’elle tombait toujours sur le pire prof du CE2 ou du CM1…
Mon frère et moi n’avons pas eu ces professeurs là. Mais de toute façon en primaire nous avions de bonnes notes tous les deux.
« Ton frère et toi étiez des élèves sans histoire. Lui ayant de meilleures notes que toi car aimant davantage d’école. Pour toi dès le départ c’était la corvée.
Une corvée facile cependant, dans beaucoup de matières tu avais un minimum d’efforts à faire. Si bien que tu as pu tranquillement laisser tomber celles où tu aurais dû en faire sans que cela ne t’empêche ni d’avoir ton bac ni d’obtenir une maitrise en droit ni de trouver un emploi.
Tu t’es juste débrouillée pour éviter ce qui ne te plaisait pas. Ou qui aurait demandé des efforts.
Tu étais la plus douée, pas la plus courageuse. Tu n’en avais pas besoin non plus.
Encore aujourd’hui, cette aisance dans l’apprentissage est un don du ciel. Celui qui t’a permis de comprendre qu’en prenant le temps et en faisant les efforts suffisants, tu peux réaliser n’importe quoi.
Ton patron l’a vu également et t’en a félicité. Il t’a confié un double poste, tu ne connaissais pas le monde de la banque, aujourd’hui il voit que tu as su répondre aux attentes placées sur toi.
C’est à la fac que tu as pris conscience que ton incapacité à te montrer studieuse d’une manière régulière pouvait être compenser par ta facilité à assimiler vite et bien.
Ce qui ne t’a pas encouragée à te montrer studieuse justement. Pour quoi faire ? Tu te savais capable d’apprendre la totalité des cours en deux semaines.
Ma belle enfant qui n’étudiait qu’au moment des examens. Et que dire de la fois où tu as obtenu 12/20 en ayant manqué tout le semestre et en ayant relu le cours la veille ?
La seule de la famille qui soit capable de retenir un texte en le lisant.
Seulement comme ta sœur, tu t’ennuies vite en cours. L’école, les leçons sont de vraies corvées. Même les cours de musique ou de dessin, d’arts numériques étaient difficiles à suivre car tu n’aimes pas être astreinte à une tâche répétitive ou devoir suivre des consignes.
Comme ton frère la créativité t’appelle et l’inspiration fait que tu aimerais réaliser un tas de choses.
Vous avez de la chance tous les trois, vous avez des talents particuliers.
La vie et la société amènent souvent vos flammes intérieures à brûler avec de moins en moins d’intensité. Tu vois celle de ta sœur suivre cette triste inclinaison.
Tu n’apprécies pas cela. Et tu es contente qu’il y ait du monde pour l’encourager.
Tu vois celle de ton frère résister. Heureusement qu’il est devenu un enseignant à sa manière. Nous ne dirons rien de plus à son sujet.
Tu ne veux pas voir faiblir la tienne. Seulement elle ne faiblit pas, c’est pourquoi tu as envie de dessiner ce matin.
Entretiens cette flamme, trouve le courage de faire les efforts nécessaires pour apprendre patiemment ce qui aujourd’hui n’est pas facile.
Ne cherche pas comment contourner. Tu y arrives toujours c’est vrai. Tu sais trouver un chemin. Mais pour une fois, prends la débroussailleuse et fais le travail.
Tu verras que plus tard tu seras contente et fière.
Le chemin est là sous tes pieds, prends le temps de le rendre praticable.
Ton beau-frère aussi aimerait changer de vie. Ces frustrations-là regardent chacun. Nous savons qu’il y a beaucoup de personnes autour de toi qui sont gênées par leurs insatisfactions.
Reste concentrée sur ce qu’il y a devant toi, tu peux le faire ? Essaye, fais-le juste pour toi. »
Merci à toi.
Bonne journée à tous
Isabelle
2 novembre, 2016 à 8:17
Coucou
C’est inspirant ce que vous dites . Émilie, on dirait une partie de ma vie scolaire;) Apres mon bac C j’ai fait un an de langues, mais il fallait partir à l’étranger et je n’en avais pas envie. Alors j’ai arrêté les langues et j’ai fait de la biologie.
J’ai aussî appris à encaisser. Aujourdhui je ne peux plus, je n’en ai plus les moyens physiques, mon stress me rend littéralement malade tres rapidement. Du coup je suis obligée de m’écouter plus, ce qui est une bonne chose.
Bises
crystallia
1 novembre, 2016 à 19:44
Coucou !
Ah dans beaucoup de domaines on peut être dur de la feuille justement.
Mais on trouve des clés un peu partout à mesure qu’on avance.
Bise