Faire pousser des arbres dans l’espace

Bonjour à tous,

« Bonne journée ? », me demande Ariel.

Oui, très bonne.

« Finalement. Quel est le plus beau film d’amour que tu aies vu ? »

Alors là, je ne sais pas trop. Mais j’ai bien aimé Passengers. C’est drôle, je ne voyais pas l’histoire ainsi. Et je suis certaine que des tas de personnes me diraient, c’est tout sauf romantique !

Mais j’ai bien aimé. C’est une belle histoire d’amour au final.

« Titanic ? » 

J’avais 16 ans quand je l’ai vu. La seule fois où je l’ai vu en entier. J’avais aimé. Sans être transportée.

« Tu as été transportée par Passengers ? »

Non seulement j’ai été surprise par le film en fait. J’avais lu les petits résumés toutefois, je ne m’attendais pas du tout à une telle histoire en fin de compte.

Ah le gars lui a joué un sale coup. Mais bon, le contexte était exceptionnel à tous les points de vue. Et c’est ce qui rend l’histoire touchante. De mon point de vue.

Dans mon entourage pas mal de monde n’entrerait pas dedans du simple fait que ça se passe dans l’espace et que c’est de la science-fiction. Titanic c’est plus réaliste.

En apparence. D’un point de vue historique il parait qu’il n’était pas si aisé de passer de la 3ème à la 1ère classe.

« Donc Jack et Rose n’auraient pu se rencontrer. »

C’est ce que j’avais lu dans un article voulant mettre en évidence les énormités du film. 

« Comme les héros de Passengers qui auraient dû rester deux étrangers l’un pour l’autre. Au fond peu importe le contexte tant que l’histoire se tient, c’est ce que tu penses ? »

C’est plutôt ça oui. Sur un bateau ou dans l’espace, je m’en moque.

« Comment aurais-tu réagi en découvrant, le sale coup dont tu parlais ? »

Exactement comme l’héroïne, furieuse de chez furieuse.

« Aurais-tu pardonné ? »

Il m’aurait fallu du temps. Beaucoup. Je suis rancunière quand je suis blessée. Je n’oublie pas et ma vue sur la relation change.

Tu vois, il y a des choses qui ne sont pas excusables en elle-même car le mal fait est tel qu’aucune raison ne peut le justifier. Alors il y a deux options et seulement deux options.

Et c’est un choix du cœur seul qui peut faire oublier le choix le plus évident pour aller vers ce qui parait relever de l’impensable au moment où on découvre la trahison.

Dans le film, c’est un habile ressort scénaristique qui permet à l’héroïne de faire un choix définitif. Dans la vie, je remarque que de telles perches ne sont pas légions lol.

Parfois il n’y a qu’en se posant que l’on peut passer de JAMAIS PLUS NI DANS CETTE VIE NI DANS AUCUNE AUTRE à bon, ce qui est fait est fait alors passons.   

« Le temps qui apporte la sagesse et la paix du cœur et de l’esprit. Ce n’est pas automatique, tu le sais déjà. Moins de ressort scénaristique dans la vie mais des occasions tangibles de vivre et d’agir en tenant compte de ce que la vie et les expériences apportent.

Ce n’est pas à négliger.

Passer de plus jamais à peut-être ne relève pas du hasard mais d’un travail souvent long. Réalisé en conscience ou non.

Qu’as-tu pensé du héros ? »

Ce n’est pas bien ce qu’il a fait lol ! Du coup il comprenait sans mal la colère et la douleur de la fille. Puis il lui a fait une proposition inattendue.

C’est là que j’ai compris combien il tenait à elle. Parce qu’à ce moment-là ce n’est pas la seule culpabilité qui pouvait le motiver.  

« Aurais-tu accepté cette proposition ? »

Je ne pense pas.

« Tu sauras que ce qui compte c’est toujours le contexte. Les choix sont facilités ou entravés par le contexte.

Toutefois, le cœur dispose d’une capacité très utile à ceux qui savent écouter. Il sait créer de nouveaux contextes.

Il sait faire pousser des arbres dans l’espace. »

Lol.

Merci Ariel.

Bonne journée à tous