Bonjour à tous,
Ma cousine est physiquement sortie d’affaire, ce qui est un soulagement. Bien entendu il reste à lui administrer les soins dont elle a besoin pour la maladie dont elle souffre. Mais elle sera prise en charge.
J’espère simplement que l’essentiel de cette prise en charge ne sera pas que médicamenteuse. Je ne connais pas grand-chose à la manière dont sont soignées les maladies mentales mais je sens que je vais me renseigner un peu.
Enfin, je me sens nettement mieux aujourd’hui. C’était difficile d’arriver au travail avec en tête « son pronostic vital est engagé ». Du coup alors que mon boss me disait gentiment bonjour, je lui ai lâché, ma cousine a fait une TS !
Heureusement, il m’a écoutée. Ah la la, comme je ne sais pas gérer ce type d’émotions, je n’arrive pas à garder en moi ce qui me bouleverse. Ou plutôt je n’arrive plus. J’ai besoin de parler quand c’est comme ça.
C’est marrant, il y a quelques années, j’intériorisais beaucoup plus les choses. Toutefois je ne regrette pas cette époque-là. C’est mieux de pouvoir parler de ce qui me bouleverse. Ce que j’ai eu l’occasion de faire plusieurs fois depuis hier et cela m’a bien aidée.
Cela ne change rien aux faits, c’est vrai. Mais sans le poids de la détresse, il est plus facile de rester debout pour pouvoir faire face justement.
Parce que le fait de parler permet de se libérer des poids. Bien sûr il ne s’agit pas de les confier à d’autres. Tous ces poids sont essentiellement composés de nœuds et en discutant avec des tiers, on comprend des choses, on en accepte d’autres et petit à petit on dénoue les nœuds.
Ainsi on s’allège en trouvant de nouveaux outils finalement. Ou de quoi réparer ceux dont on ne voulait plus.
Je connais bien ce schéma-là, devoir réparer les outils dont on ne voulait plus. Il arrive qu’on ne puisse pas tourner le dos. Rien ne va mais il faut rester au moins un temps. Il faut faire avec ce qui est là devant nous et dont forcément on n’avait plus envie.
Je savais ma cousine malade depuis quelques années seulement je voulais tellement croire qu’elle était en train de reprendre le chemin d’une vie normale que ma seconde réaction à l’annonce de son hospitalisation a été la colère. Parce qu’il m’était rappelé que non, la jeune femme qui avait passé des semaines dans son lit sans trouver la force morale de se lever pour aller se doucher, n’allait pas mieux.
Il lui avait fallu des mois pour sortir de cette dépression. Certains jours elle était prête à essayer le matin mais l’après-midi, même soulever sa main semblait déjà trop compliqué.
Ce qui est là devant moi, c’est l’image de cette jeune femme à nouveau. Celle qui n’a plus goût à rien et manque tant d’assurance que l’envie ne suffit pas lorsque la dépression recule.
Elle ne recule pas loin ceci dit. Elle ne recule pas loin, malheureusement.
Elle a toujours des rêves, nous l’encourageons tous. Je suis le genre de personnes à qui les encouragements apportent un plus bénéfique. Elle, ils la portent, un peu.
Pas assez et ce ne sera jamais assez. Elle aura toujours besoin que quelqu’un soit là, avec elle. Et supporte ses caprices, entende ses doutes, l’aide à gérer ses très nombreuses angoisses. Car elle a de vraies angoisses.
Sa mère a eu l’énorme chance de trouver un mari qui ait eu le courage de rester auprès d’elle malgré sa propre maladie et qui ait accepté celle de sa fille.
Pour autant, je sais qu’il ne trouve pas la vie facile. La dernière fois que j’étais allée en vacances chez eux, il m’avait proposé d’aller faire un tour. A un moment donné on s’est assis sur un banc et à ma grande surprise il m’a fait part de ses désillusions, des difficultés engendrées par ma tante et ma cousine, de ses propres doutes.
Où cet homme trouve-t-il la force morale de gérer tout cela, je ne sais pas. Je vois simplement que sa croix ne s’allège pas.
Et je doute qu’il parte maintenant.
Du coup je pense aussi à lui en ce moment. La maladie des proches est une dure épreuve. Un fardeau.
Quand ma tante est décédée après cinq ans de lutte contre le cancer, son mari a ressenti un certain soulagement, nous l’avons tous vu.
Mais je vais être honnête, je ne l’en blâme pas. J’ai vu mes tantes éprouver le même soulagement après le décès de ma dernière grand-mère et là encore, je ne les blâme pas.
Cela ne signifie pas que je souhaitais la mort de l’une ou l’autre, ce n’était pas le cas. Je dis simplement que je comprends le soulagement.
Je préfère l’autre soulagement évidemment, celui que l’on éprouve à l’annonce de la guérison.
Sauf que ce n’est pas toujours celui-là.
En fait il y a des situations où chaque jour on est obligé de se rappeler qu’on aime. Ma mère avait dû aider mon oncle à nettoyer le vomi mêlé de sang de ma tante après son embolie pulmonaire. Tout en faisant cela elle se disait que sa sœur était sur le point de mourir.
C’est le pire spectacle auquel elle ait assisté, de son propre aveu.
Toutes ces choses en générale, j’évite d’y penser. Ma cousine m’a rappelé leur réalité, la réalité d’une maladie qui entre dans la famille et s’installe durablement.
On ne peut pas fuir, il faut rester là, debout. Juste en acceptant la situation. Un travail sur soi, que je ne me vois plus faire seule. Il vaut mieux, je pense, trouver à se confier.
Pas seulement dans ce type de cas, dans tous ceux où la vie devient soudain tellement dense que l’on se demande comment on va pouvoir rester debout.
Que faire s’il n’y a personne ? Franchement, je rappellerai juste que j’ai créé un blog quand je me suis trouvée dans cette situation. Il n’y avait personne et je refusais de croire que nul ne pouvait comprendre et partager ce que je vivais.
Le temps m’aura donné raison lol. Parfois il faut créer la porte de sortie. Je me souviens de ce reportage où la directrice d’une association de défense des intérêts des lesbiennes disait qu’elle recevait souvent des jeunes femmes se plaignant de ne pas trouver l’écoute qu’elles auraient voulu dans les bars qu’elles fréquentaient. La directrice de l’association leur répondait, un bar est un bar. Si vous voulez un accompagnement spécifique, créez des associations, des structures.
Cela demande d’accepter l’idée que l’effort ne soit pas payant. On ne peut pas toujours savoir.
Je m’étais pris des claques sur les forums et pourtant j’ai quand même fait le choix de raconter ce que moi je vivais et qui correspondait à ma réalité.
J’aurais pu me prendre les mêmes claques ici ou n’avoir aucun lecteur. Je me souviens sur les forums techniques de ce blogueur qui trouvait injuste le fait que son audience ne décolle pas. Malgré ses efforts etc…
Qui peut garantir le succès d’une entreprise ? Si demain vous voulez créer un blog et que vous venez me voir, je pourrais vous donner des conseils. Mais je ne pourrais pas vous donner les clés du succès assuré.
Vous voulez que je vous fasse rire ? Je ne sais pas ce qui a fait le succès de ce blog-ci. Je sais que j’aime écrire et que cela me fait du bien.
Enfin, s’il n’y a personne donc, vous devrez ouvrir une porte vous-mêmes. Peu de personnes aiment cette solution-là, c’est plus facile quand il y a déjà une porte ouverte quelque part.
Mais j’ai appris que toutes ses démarches nous aident à nous sentir bien debout.
Bonne journée à tous
Bluebird
2 mars, 2017 à 9:59
Coucou Sylvie !
Pensées vers toi et vers ta cousine.
Je me sens touchée par écho.
En ce moment, je sens mon coeur se fermer parce que je ne sais pas comment aider mes parents.
Je vois ma mère s’enfoncer dans un brouillard gris (pertes de mémoire, surdité et dépression).
Ce n’est pas la même chose que ta cousine, mais je me demandais comment tu fais, intérieurement, pour trouver un lieu d’équilibre et d’amour confiant à l’intérieur de toi ? Même si tu as renoncé à pouvoir l’aider ou changer les choses ?
Dès que « je m’approche »des énergies actuelles de ma mère, j’ai l’impression d’être aspirée. C’est vraiment dur. Et pourtant je l’aime profondément ! Alors je prends de la distance intérieurement, mais je sens mon coeur se fermer Je ne me reconnais plus.
Tu m’as dis un jour que j’avais besoin d’apprendre la Compassion
Je fais le lien depuis quelques mois avec mon problème de sur-empathie ( en ce moment ça s’empire. Certains jours j’ai l’impression d’être noyée par la simple présence des autres !).
Je vois bien que la Compassion au Coeur est le seul état qui me permettrais de trouver l’équilibre entre la perception des autres et ma propre présence intérieure.
Mais je n’y arrive pas encore.Et l’exercice devient vraiment difficile… je me sens déconnectée intérieurement.
Hier, ce qui m’est venu comme une évidence, c’est l’élan de revenir à la Foi, à la prière.
Je ne sais pas quoi faire d’autre pour m’aider à guérir cette blessure au coeur que je ne comprends pas et qui me déconnecte de moi-même
Si jamais tu as un message ou partage éclairant, il sera tellement bienvenu !
Bises,
Lara
crystallia
25 février, 2017 à 2:59
Bonjour,
Elle est sortie de la réanimation, elle est en chambre.
Il y a de la route mais elle va mieux.
Bise