Bonjour à tous,
« Je vais te raconter une petite histoire, veux-tu ? », me demande Astaroth.
Oui, vas-y.
« Sur une petite ile riche et fertile vivait notamment une petite famille de quatre personnes. La mère, le père, les deux enfants.
Sur cette ile, il était possible de vivre en se posant un minimum de questions. Les jeunes enfants allaient à l’école tôt. Les jeunes adultes pouvaient travailler dès la sortie de l’école s’ils le souhaitaient, un peu plus tard s’ils faisaient un autre choix.
Se loger non plus n’était pas difficile, quiconque fondait sa propre famille se voyait proposer un accès simplifié à un lopin de terre et pouvait soit faire construire sa maison, soit utiliser celle qui se trouvait déjà sur le lopin de terre.
Car il y avait tout de même une contrainte. Les personnes qui n’étaient plus en âge de travailler devaient renoncer à leur terrain et aller s’installer dans des immeubles en ville, au centre de l’ile.
On leur expliquait que c’était pour mieux pouvoir s’occuper d’elles, veiller sur elles. Et c’était aussi une manière de faire en sorte que chacun ait un chez-soi.
Le père était satisfait de cette situation. Il ne se posait jamais trop de questions. La vie lui paraissait simple et agréable. Il aimait ce qu’il faisait, l’endroit où il vivait et savait ses propres parents heureux en ville dans leur petit appartement.
L’idée même d’un changement ne lui effleurait pas l’esprit. Il aimait la vie qu’il vivait.
La mère était un peu plus critique. Si elle aimait aussi ce qu’elle faisait, l’endroit où elle vivait, elle savait qu’elle n’avait pas hâte de voir arriver le jour où il lui faudrait quitter sa maison et son terrain pour aller s’installer dans un petit appartement.
Elle aimait jardiner. Certes toutes les personnes en âge de travailler cultivaient fruits et légumes. Seulement elle, elle aurait apprécié que ce loisir ait pu être son activité principale.
Elle aurait aimé pouvoir gagner sa vie en cultivant des fruits et des légumes. Bien qu’elle n’ignorât pas que chacun devait gratuitement donner ce que sa famille ne pouvait consommer afin de permettre aux plus âgés de ne pas mourir de faim.
De ce fait elle étouffait tant qu’elle le pouvait cette aspiration. Changer un système dans lequel il était pris soin de chacun pour que certaines personnes puissent faire un autre métier que les métiers désignés ? De la pure folie, elle le savait.
Elle se consolait donc en se disant qu’il lui restait quelques années avant de rendre son uniforme.
Le plus âgé des deux enfants, dont il n’est pas utile de préciser s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille, s’ennuyait à l’école. Tant et si bien que cet adolescent aurait bien pris la clé des champs une ou deux fois, s’il en avait trouvé le courage. Mais seul qu’aurait-il fait, où serait-il allé ?
Ses amis aussi s’ennuyaient de temps en temps, même si moins que lui. Pour autant, tous ces jeunes gens faisaient parti des meilleurs élèves de leur établissement et savaient que s’ils continuaient d’étudier sérieusement, ils pourraient suivre le cursus qui donnait accès aux emplois les plus intéressants.
Les parents du jeune adolescent ne manquait jamais de le lui rappeler, l’encourageant à travailler le plus dur possible, surtout sa mère.
Elle savait qu’il ne sentait l’appel d’aucune vocation mais elle-même se souvenait des maigres possibilités qu’elle s’était vu offrir. Elle voulait que son enfant dispose d’un choix plus large.
Aussi cet adolescent, qui ne rêvait que de tout envoyer balader au plus profond de son cœur, se contentait-il de rêver d’un autre monde tout en travaillant d’arrache-pieds.
Le dernier enfant de la famille était un souvenir. Un jour, il ou elle peu importe, s’était évaporé quelque part, nul n’avait jamais su où.
Il ou elle n’avait pas achevé ses études, ne s’était pas marié, n’avait pas eu d’enfant ni de lopin de terre pour construire sa maison.
Il ou elle n’avait pas cultivé des fruits et des légumes dont une partie aurait pu nourrir les plus âgés.
Il ou elle était parti, égoïstement. Avait pris la mer et quitter l’ile, abandonnant les siens.
Il ou elle était une cicatrice profonde dans le cœur de ses parents et une tâche de honte sur leur foyer.
Il ou elle avait une fois parlé de vie différente et avait reçu une claque, de sa mère. Il faut rendre ce qui a été donné, prendre soin de ceux qui nous ont légué un toit et un foyer.
Une autre claque de son père. La vie ici est simple et agréable, nous devons nous réjouir de n’avoir rien à penser.
Du dédain de la part de l’autre adolescent, tu veux finir avec un choix misérable ?
Il ou elle voulait seulement pouvoir faire un choix. Et ce ne pourrait être sur cette ile.
Que faire, rester et étouffer ? Ou partir, sans amis, sans famille, sans soutien d’aucune sorte, sans certitude ni assurance ?
Au moins sur cette ile, l’avenir était garanti, assuré. Et si fermé, pensait il ou elle, qui finit par choisir la mer. »
C’est ça la fin ? Tu plaisantes !
« Tu mets ce que tu veux derrière le mot mer, ma jeune enfant. »
Merci Astaroth, lol.
Par ailleurs, nous passerons la semaine aux Trois Ilets.
Bonne journée à tous
crystallia
2 août, 2017 à 10:48
Salut,
Franchement, je pense que la solution n’est pas la même pour tout le monde.
C’est le résultat final qui peut l’être.
Pour moi apparait toujours un chemin d’apaisement quand les deux sont en désaccord.
Bise
Carène
1 août, 2017 à 12:25
Coucou !
Depuis quelques temps je ne sais que faire entre ma raison et mon cœur qui vont dans 2 sens presque opposés.
Fut un temps où je n’écoutais que ma raison jusqu’au jour où mon cœur a braillé tellement fort que je n’ai pu que le suivre au détriment de la raison.
La vie s’est bien chargée de me donner les leçons pour pondérer les 2. En ce moment, j’ai un peu la sensation de passer à la caisse pour avoir trop écouté mon cœur.
Que faire lorsque le cœur et le raison ne se complètent pas ou plus ?
Je suis en pleine confusion depuis 3 semaines… D’où mon silence.
Bises et belle journée Sylvie
crystallia
1 août, 2017 à 1:51
Bonsoir !
Pourquoi n’est-il pas important de connaitre le sexe des enfants ?
Le point de vue des parents est-il meilleur que celui des enfants ?
Quelqu’un a-t-il davantage raison que les autres ?
« Le cœur et la raison devraient toujours se compléter. L’ile c’est vous. Pour le reste, chacun agit ou non en fonction la manière dont s’accordent le cœur et la raison. »
Merci Astaroth.
Bise
Flo
31 juillet, 2017 à 21:59
Bonsoir Sylvie,
En lisant les commentaires, je vois les regards différents du mien, et ça me rappelle comment je perçois l’incarnation :
c’est un peu comme un système complexe de contraintes, avec toujours des choix qui ont un prix, des conséquences, à tous les niveaux. Un genre d’équation avec plein d’inconnues… Faire bouger une variable amène une autre configuration, mais c’est encore une équation.
Bonne nuit !
alexandre
31 juillet, 2017 à 20:24
Bonsoir Sylvie,
L histoire d astarorh est celle de toute ma vie lol sauf que je n ai guère apprécié le passage sur la cicatrice dans le coeur des parents et une honte pour le foyer perso je crois que la morale de l histoire est que quand les choix de vie sont trop fermes, l individu ayant un peu de personnalité finit par s enfuir .En gros, il est inutile de vouloir fuir son destin., Pourquoi cela créerait il une telle blessure chez les parents si leur enfant suit son destin? Peut être a cause des circonstances de leur séparation mais comme le dit gibran vos enfants ne sont pas vos enfants , ils sont les fils et les filles du désir de la vie pour elle même… Je crois que c est l orgueil et l ego des parents qui parlent en fin de compte… Car qu est ce qui est le plus important prouver que l on a raison ou dire a son enfant qu on l aime? Bises
Emilie
31 juillet, 2017 à 14:14
Coucou Sylvie,
« Il ou elle était parti, égoïstement. Avait pris la mer et quitté l’ile, abandonnant les siens.
Il ou elle était une cicatrice profonde dans le cœur de ses parents et une tâche de honte sur leur foyer. »
J’ai quand même un peu l’impression que ce type de choix ferme des portes qu’il faudra pourtant un jour rouvrir – des choix qui laissent des cicatrices profondes après avoir distribué des claques – des choix pénibles !
passeuse
31 juillet, 2017 à 13:15
bONJOUR sylvie:
J’aime bien ta p’tite histoire- très révélateur…
A chacun_une d’inventer la fin.bises