Bonjour à tous,
« Donc tu ne voudrais pas aller aider les bénévoles partis porter secours aux habitants des Iles du Nord ? », me demande Elémiah.
Je vais être honnête, tout mon courage a disparu au moment où j’ai entendu, la pauvre a perdu sa sœur après qu’une vague de 15m de haut a balayé sa maison et c’est son fils qui l’a découvert. Il a ajouté, il y a des corps qui flottent partout.
J’ai immédiatement eu une image en tête et je ne comprends pas Elémiah, j’ai beau savoir que cet ouragan de malheur ne s’est toujours pas dissipé, quelque chose me semble encore irréel tant je suis choquée en vérité.
Il y a des corps qui flottent, il a dit. Devant la maison détruite de sa mère. Avec elle dedans. On dirait juste un cauchemar. Un horrible cauchemar.
Je suis de tout cœur avec les volontaires, mais tu sais déjà comment je réagis face à des gémissements de douleur. Je revois cet homme se tordant sur son brancard…
La détresse d’autrui, je n’ai pas le courage.
Au travail on a tout fait pour joindre les collègues de St Martin. Beaucoup (ceux qu’on a pu joindre) sont en vie et debout. Mais personne ne va bien. Ils sont accablés, certains ont peur. Et José arrive derrière.
Ce n’est vraiment pas de chance, deux ouragans majeurs coup sur coup…
Et avec des trajectoires au moins en partie similaires !
Alors qu’au départ le NHC indiquait que José resterait dans l’Atlantique.
Tu as vu le ciel en ce moment ? Et nous ne sommes même pas touchés mais avec deux ouragans dans l’Atlantique, il ne peut pas y avoir de ciel dégagé par chez moi.
José est en catégorie 3. J’espère qu’il va dévier et ne pas toucher terre.
Quant à Irma, c’est quoi cet ouragan qui reste en catégorie 5 ? Pourquoi est-ce qu’il ne faiblit pas, il a déjà touché terre.
Certains ironisent déjà sur les réseaux sociaux, José va venir finir le travail d’Irma…
C’est vrai que c’est tellement drôle, il a tellement dû rigoler ce fils en voyant ce qu’il restait de la maison de sa mère après la vague géante. Et en la sachant dessous.
Il n’y a pas de dommages qu’à St Martin et St Barth, je ne l’oublie pas.
Tellement de personnes se disent ici, quelle chance on a eu. Je suis la première à le penser, quelle chance d’avoir été épargné et de ne pas nous être trouvés sur le trajet dévastateur d’Irma.
Maman me dit déjà que si on annonce un ouragan elle veut que mes frère et sœur viennent à la maison. Trop de personnes à la télé racontent qu’ils sont inquiets pour leurs proches dont ils sont sans nouvelles.
Je n’imagine pas ma mère se demandant si tout va bien chez mon frère et ma sœur. Croyez-moi si je vous dis qu’elle pèterait un câble.
Il y a encore quelques personnes dont je voudrais avoir des nouvelles pour ma part toutefois je connais la situation, comme vous tous, je sais qu’il faut être patient car les voies de communication ne sont pas encore entièrement rétablies, loin de là.
Et avec José qui arrive, je me demande si on ne va pas évacuer des gens en Guadeloupe…
On dit déjà, c’est le climat etc…
Ce débat ne m’intéresse pas là maintenant je dois dire. Je veux savoir combien de temps il faudra pour que les gens puissent repartir. Beaucoup sont debout, en vie, mais ne se sentent pas bien pour autant. J’ai entendu, j’ai de l’eau, ma maison est partiellement détruite…
Et bien sûr cette horrible phrase, il y a des corps qui flottent.
J’ai hâte qu’on puisse établir un bilan définitif. Et aussi, qu’on soit en décembre (la saison cyclonique court jusqu’en novembre).
En vérité, c’est cette histoire de vague géante qui m’a le plus choqué. Cette femme était barricadé chez elle et un mur d’eau est tombé sur sa maison.
Je ne la connaissais pas, je ne sais pas pourquoi cela m’a tant touché.
Peut-être que José va dévier ? Non ? Je regarde le site du NHC (National Hurricane Center, un site américain), comme tout le monde ici, je me dis ce n’est vraiment pas de chance, c’est ce qui est prévu…
Les Américains, eux, attendent Irma sur Miami en catégorie 4.
Tout ceci nous permet de regarder beaucoup de choses sous un angle très différent, tu vois.
« La mort d’un tiers survenant en de telles circonstances te renvoie à ton propre sentiment d’impuissance devant le cours de la vie.
Si la fatalité n’existe pas, il y a des choses qui échappent à ta volonté et il y en aura toujours.
Une vague de 15 mètres de haut rappelle à chacun que peu importe les efforts réalisés, ce qui doit arriver arrive toujours, en bien ou moins bien.
Ce sont ceux qui restent qui souffrent, souviens-t’en car ce sont qui restent qui demeurent devant les circonstances.
Tu dis que les gens se sont pas bien, parce qu’ils pensent à ce qu’ils ont perdu directement ou indirectement.
Ils voient ce qu’il leur coûtera de reconstruire et certains parlent déjà de quitter St Martin pour retourner là d’où ils sont vraiment originaires.
Alors que la reconstruction aura lieu, là ou ailleurs. Ce n’est pas qu’à l’extérieur que la vague s’est abattue.
Vous ne pouvez traverser pareille épreuve sans avoir laissé autre chose que des biens matériels derrière vous, pas si votre cœur est ouvert.
Comprends que devant chaque épreuve vous pouvez réagir de deux façons. Et l’une des deux vous apportera toujours plus que l’autre.
Ne détourne pas les yeux ma belle Sylvie. Ce n’est pas en regardant ailleurs que la détresse d’autrui disparaitra.
Dès le départ nous t’avions dit de suivre ce cyclone, alors qu’il venait de se former en tempête tropicale, tu t’en souviens ? »
Je me souviens, j’ai cru que c’était parce qu’il devait venir ici.
« Non, ni José ni même le prochain. Mais regarde Irma, jusqu’au bout. Vois la réalité. Et vois ce qui compte finalement, pour toi.
Tu ne comprends pas ? Tu comprendras.
Souviens-toi qu’il n’y a pas de fatalité. Même dans de tels moments.
Tu veux que nous prions ensemble pour libérer les âmes de ceux qui avaient choisi cette porte de sortie ? »
Euh, je n’avais pas cela en tête. On ne prie pas pour soutenir les gens qui aujourd’hui souffrent parce qu’ils ont tout perdu ?
« Nous pouvons prier pour que les âmes qui avaient choisi cette porte de sortie trouvent la paix qu’elles méritent. »
Euh…
« Ceux qui restent ont un chemin devant eux et des mains pour saisir les outils dont ils vont avoir besoin. Ceux qui restent peuvent prier pour eux et leurs familles. Accompagnons ensemble dans un chemin de Lumière ceux qui ont emprunté la porte de sortie à l’occasion de cet évènement particulier. »
Je veux aider ceux qui sont ici à reprendre foi en eux. Prions pour eux d’abord.
« Prions pour cette dame qui a vu s’abattre la vague sur sa maison. »
Pour son fils qui l’a trouvée morte !
« Pour les âmes de ceux qui avaient fait le choix de partir ainsi. Pour qu’ils puissent laisser derrière eux les liens dont ils n’ont plus besoin. »
Je ne te suis pas et je ne veux pas faire ça.
« Pourquoi ? »
Parce que, je veux qu’on s’occupe de ceux qui sont là et qui souffrent.
« Comprends, ce ne sera pas la dernière souffrance de leur vie. Est-ce que tu entends ? Enfin ?
Prions ensemble pour ceux qui sont partis dans ces circonstances particulières. Et souhaitons que ceux qui restent parviennent à mobiliser leur force intérieur, leur courage et leur compassion. Souhaitons qu’ils développent leur sagesse profonde.
Souhaitons qu’ils se souviennent qu’ils s’aiment avant d’aimer la vie.
Ainsi, ils pourront continuer.
D’autres ont aussi besoin de notre compassion aujourd’hui. Parce qu’ils sont partis dans des circonstances difficiles pour ceux qu’ils ont laissé. Aidons-les par une prière à se délester du poids de ce dont ils n’ont plus besoin.
Prions ensemble. Pas pour que José change de trajectoire. Un jour tu comprendras pourquoi certaines attentes sont vaines, même si ces mots te semblent cruels aujourd’hui.
Prions pour guider vers la Lumière ceux qui ont besoin d’aller de l’avant désormais. »
Ok, je veux bien. Merci Elémiah.
Bonne journée à tous
crystallia
9 septembre, 2017 à 13:03
Bonjour,
Que vous dire ce matin, j’ai eu des nouvelles de certaines personnes, j’ai regardé l’actualité et je vois ce magnifique ciel bleu au-dessus moi.
Il va faire beau aujourd’hui, il fait déjà beau.
Je comprends la nécessité de prendre du recul et également le fait que nous sommes ceux qui alourdissons ou non nos propres paquets.
Merci à tous pour vos commentaires.
Bonne journée
alexandre
9 septembre, 2017 à 0:21
Bonsoir Sylvie,
Viens de regarder bfmtv les images sont terrifiantes je plains sincèrement toutes ces familles touchées .Et pendant ce temps la, notre bon président vient de dire qui il ne céderait rien aux feignants ,cyniques etc on crois rêver de qui se moque t on? Je pense au il devrait faire preuve d humilité en ces heures si sombres et soutenir les territoires touches par Irma suis profondément ecoeure .Un témoignage m a marque celui d une mère de famille volant pour nourrir sa famille.Arrêtons de stigmatiser ces personnes car ils ne font au essayer de survivre.J aurais fais pareil sij avais eu des enfants… Toutes mes prières vont pour les habitants de saint martin bises
passeuse
8 septembre, 2017 à 17:59
Lucie et Emilie vos commentaires me touchent profondément.
Emilie, tu as tout à fait raison sur ce sentiment d’insécurité.
JE l’ai eu aussi quand mon mari était si violent que je ne savais plus quoi faire.
Je ne me sentais plus en sécurité chez moi, ni dehors.
Ma carapace, mon jardin intérieur, et mon moi_ tout avez volé en éclat et je me suis retrouvée nue sous un arbre.
A la différence près, c’est que eux, tous les sinistrés se retrouvent nus au physique – comme ds leur moi.
Ce doit être terrifiant pour tout ceux qui n’ont pas ou plus la Foi.
aLORS, PRIIONS!
Bises à vous ttes
Lucie
8 septembre, 2017 à 17:47
Bonsoir,
@Emilie,
je comprends tout à fait ton ressenti, j’ai connu une guerre, j’avais 10 ans, j’en ai 67, et à l’heure actuelle il m’est encore difficile de me retrouver au milieu de la foule.
Pourtant j’ai eu d’autres épreuves aussi douloureuses et peut être plus, et j’ai toujours ce sentiment d’insécurité.
On dit que le temps apaise…..il reste la prière pour tous ces naufragés de la vie.
Bises
Lucie
8 septembre, 2017 à 12:33
Bonjour,
Le message que fait passer Elémiah me touche profondément.
En effet, comment arriver à comprendre et encore plus accepter « Pour les âmes de ceux qui avaient fait le choix de partir ainsi. Pour qu’ils puissent laisser derrière eux les liens dont ils n’ont plus besoin ».
Et nous, nous restons avec notre peine, notre incompréhension, et même notre colère envers ceux qui nous ont laissés.
Le chemin de l’acceptation est long et douloureux, pour nous mais également pour ceux qui sont partis et qui nous voient dans ces moments difficiles.
J’ai vécu ce genre de situations, et j’ai mis de nombreuses années pour que ces épreuves me permettent d’évoluer. Parce que il n’y a que 2 solutions : on se couche et on se lamente, ou on se relève et on avance, je suis bien d’accord avec Passeuse.
« Et ce qui doit arriver, arrivera », rien n’y personne ne pourra changer les événements. C’est aussi, je pense une leçon d’humilité pour nous humains dont la plupart pensent pouvoir gérer la Nature et le Monde.
Bises
Emilie
8 septembre, 2017 à 12:15
Bonjour Sylvie,
Ce n’est pas la peine de courir après une crise d’empathie …
J’avoue que je n’ai ni le courage ni la volonté d’essayer de ressentir; à une toute petite échelle je sais ce que cela peut faire pour avoir été proche des deux plus gros attentats qui ont eu lieu sur notre sol (je me suis projetée en plein milieu sans réfléchir pour trouver quelqu’un).
Je me souviens qu’au milieu des corps, je m’étais sentie dépassée et que j’avais appelé Marie pour qu’elle viennent les prendre dans ses bras et les aider à passer. Je sais qu’ils ne sont pas tous montés et que certains sont restés longtemps au point qu’il était juste épuisant de passer dans le quartier sans se blinder.
Avec des bras, de l’aide et de l’argent, on peut tout reconstruire et avec la foi, on peut croire en l’avenir. Le plus difficile à reconstruire, c’est ce qui a été emporté avec le vent et l’eau : le sentiment de sécurité intérieure – celui de vivre sans redouter notre propre environnement. Tu vois, c’est comme si on te disait qu’à partir de maintenant tu devrais tout le temps nager en haute mer, là où tu n’as pas pieds. Cette angoisse là est pire que tout au quotidien et il faut une bouée pour ne pas couler.
Alors je vais prier pour que des ballons aident ceux qui sont partis à monter et que des bouées permettent aux autres de ne pas paniquer.
passeuse
8 septembre, 2017 à 12:14
re:ok!
Tu nous a tant aidé_ si on peut faire de même pour toi…..
Bonne journée
crystallia
8 septembre, 2017 à 11:50
Bonjour,
Je suis contente d’apprendre que tes proches sont sains et sauf, Passeuse.
C’est une très bonne nouvelle.
Pour ce qui est d’aider, il vaut mieux te tourner vers la Croix rouge par exemple, je ne gère pas d’association, je ne suis pas adhérente non plus. Ils sauront mieux que moi indiquer quoi faire à tous ceux qui veulent faire un geste.
Et merci à vous deux pour vos mots.
Tant qu’on vit, on pose un pied devant l’autre.
Bise
Liliane
8 septembre, 2017 à 9:50
Bonjour Sylvie,
Jusque là je n’avais pas conscience de ce qui se passait, de la gravité de la situation et de la détresse dans laquelle cette région de la Terre se retrouve. je dois avouer que même là je n’arrive pas à réellement en prendre conscience mais je ressens une sorte de souffrance dans tes propos qui me permet de ramener les choses à mon échelle de compréhension. Puisqu’il s’agit de souffrance, de deuil, de tragédie, j’ai envie de dire que ce sont des choses que nous vivons tous à des degrés différents certes mais nous en faisons tous l’expérience. Ce qui est perdu est perdu et comment vit-on après cette perte c’est là le plus important. Quand on a le nez collé sur un mur on ne peut pas en voir les limites et en regardant les choses sous un angle différent on se rend compte de la raison d’être de certains évènements. L’empire des Anges de Bernard Werber que j’écoute actuellement est tombé à pic avec ces petits rappels sur ce qui importe et je comprends beaucoup mieux ce que dit Elémiah, alors je me joins à vos prières pour ceux qui sont partis ainsi qu’ils soient accueillis dans la Lumière et qu’ils trouvent la paix , à ceux qui restent la force de se reconstruire et d’avancer et à toi de remonter sur ton nuage
Bises et belle journée
passeuse
8 septembre, 2017 à 8:03
Bonjour Sylvie:
Dure leçon, que nous envoie la vie§
Tout d’abord,hier soir, à minuit, j’ai eu des nouvelles de mon cousin et de sa famille.Tout le monde va bien mais ils ont tout perdu.
Mais ce n’est pas le plus important, le matériel, ça se reconstruit.
Ils ‘étaient réfugiés – dès l’annonce d l’ouragan_ ds un hôtel.
ILs cherchent à se faire rapatrier_ nous les parents sommes prêts à les accueillir_mais la file d’attente est très longue _ plusieurs jours.
Avec un bb de 2 mois et une petite fille de 3 ans, ce n’est pas facile mais ils s’estiment chanceux.
Oui, c’est horrible! et nous qui sommes loin, n’avons pas tte la perspective de l’horreur qu’ils doivent vivre.
Je comprends ton ressentie Sylvie mais je comprends aussi ce que veut dire Elemiah, je crois.
Je pense que Notre Terre arrive à la fin d’un cycle et comme tte les fins, il y a des » chamboulements » – dévastateurs, certes sais c’est pour mieux « repartir », si je puis dire.
Regarde, tts les guerres,qu’ils y a eux , après, ce fût novateur: tout à reconstruire,donc nouvelles id, du travail, un monde nouveau, à chaque fois à surgit.
C’est cruel mais, c’est comme ça.
Pour mieux aller de l’avant et comprendre des choses, il fallait en passer par là.
Je n’ai pas arrêter de prier et cette après midi, je vais à la Chapelle des apparitions pour une messe.
Je vais prier pour tous ceux qui sont passés de l’autre côté, pour tous ceux qui ont tout à reconstruire, pour tous ceux qui souffrent_ moralement et physiquement_ pour tous les sauveteurs _ qu’ils puissent accomplir leur mission aux mieux.
Si je peux faire quelque chose de plus, dis_le moi; envoyer des premières nécéssités…
Nous qui allons sur ton blog, peut_être, pouvons nous te faire parvenir des vêtements, denrées et toi, tu pourrais_le leur faire passer..
C’est un id- comme ça: on pourrait ttes et tous se mobiliser!
Merci ,pour notre chance!
Je t’envoie du courage Sylvie, garde ESpoir en l ‘être humain_ il n’a pas le choix, où il avance, ou il stagne.
Et moi, je parie sur ‘il avance ».
Bises de tout mon coeur!